Sur Le Carnet blanc

lindecker

La lecture de Jacques Lindecker

Extraits d’un article sur le Carnet blanc paru dans En Alsace en février 2002

 

Le 12 septembre 2001, Alfred Kern s’éteignait à la clinique Saint-Joseph de Colmar sans avoir pu revoir Haslach, son hameau sur les hauteurs de Munster. C’est là qu’en l’été 2001 le poète avait tendu la main vers des milliers de pages, le fruit de dix ans de travail depuis son précédent recueil Le Point vif. C’est là, n’ayant plus la force de le faire, qu’il avait confié à l’ami et éditeur Gérard Pfister le soin de lire et de trier dans cette immense masse pour composer un nouveau livre.

Le résultat, ce Carnet blanc, est remarquable, composé surtout de proses et de poèmes consacrés « à l’exaltation du paysage et à la méditation de la mort ». Des mots, rares et justes, qui finissent par ne plus servir d’enveloppe mais qui, dépouillés de tout feuillage, vont à l’essentiel : à la source d’une joie, d’un souffle, d’une lueur. On croirait entendre la voix d’une bougie prise dans la tempête : elle vacille, s’éteint, se rallume, nous réchauffe et nous éclaire, obstinée, vaillante, une toute petite chose vivante, incroyablement vivante.