(1906 – 1995)
En 1934, un an avant sa profession solennelle dans l’ordre bénédictin, Henri Le Saux perçoit l’appel de l’Inde et fait part à son Père abbé de son souhait d’aller y établir un foyer monastique. Mais ce n’est qu’en 1950 que le P. Le Saux et l’abbé Montchanin construisent le foyer monastique dont ils ont rêvé, au bord du fleuve sacré de la Kaveri, dans l’État de Madras.
La suite de cette entreprise est connue, qui conduira ces deux hommes si différents à mener à bien une aventure spirituelle d’une folle générosité et d’une signification essentielle pour notre temps. Pour l’un comme pour l’autre, rien de tout cela n’aurait eu lieu sans l’impulsion donnée par leur rencontre avec le grand sage Ramana Maharshi au pied de la montagne Arunachala. « Ce fut une vraie révélation », écrit Le Saux de cette rencontre, ajoutant : « Arunachala est pour moi un lieu de naissance. »
Le Saux eut-il l’occasion d’y rencontrer Annamalai Swami ? C’est très probable et il est beau de penser que, venus l’un de son monastère bénédictin de Bretagne, l’autre d’un village de deux cents maisons au Sud de l’Inde, ces deux hommes ont reçu du même maître l’essor qui a décidé de leur vie et de leur œuvre tout entière.
Nourris par une expérience spirituelle exceptionnelle, l’enseignement d’Annamalai Swami témoigne de la plus haute tradition de l’hindouisme, celle de la non-dualité (advaïta), déjà présente dans les upanishads mais explicitée par le grand philosophe Shankara. Le style d’Annamalai est direct et limpide. Sa sagesse est sans compromis, mais habitée d’une force et d’un humour bienveillant qui la rendent irrésistible.
Annamalai Sawami est né en 1906, à Tondankuruchi, petit village d’environ deux cents maisons. Son père était une personne importante dans le village. Fermier, astrologue, peintre et constructeur, il savait également fabriquer des statues et ériger des gopuram (tours de temple).
Peu après la naissance, son père consulta un autre astrologue. Tous deux finirent par conclure qu’il deviendrait probablement moine. Son père essaya dès lors d’entraver cette vocation en le privant presque entièrement d’éducation.
Au cours de l’année 1928 – il avait vingt et un ans –, un sadhu errant traversa le village et lui donna un exemplaire d’un livre contenant la photo de Ramana Maharshi. Dès qu’il vit cette photo, il eut le sentiment que c’était son guru et prit la résolution de devenir son disciple.
Ce qu’il fut jusqu’à la fin de sa vie, en 1995, année des entretiens ici publiés.
OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN