DANTE ALIGHIERI

DANTE1

(1265 – 1321)

Dante Alighieri est né à Florence en mai 1265, d’une famille noble de tradition guelfe. Son père, Alighiero di Bellincione d’Alighiero, semble avoir exercé le métier de banquier.
En 1266, Charles d’Anjou (1227-1285), frère de saint Louis, ayant arraché aux derniers Hohenstaufen le royaume de Naples et de Sicile et préoccupé de couvrir sa conquête par une avancée défensive, s’impose à la Toscane. Il chasse de la plupart des villes, et notamment de Florence, le parti gibelin, partisan du pouvoir de l’empereur d’Allemagne en Italie, et y assure définitivement la domination du parti guelfe : connus pour leur fidélité au Saint-Siège, les guelfes sont tout aussi fermement attachés aux libertés politiques locales, alors que presque partout, en Lombardie, en Romagne, dans les Marches, se propage le régime seigneurial.

C’est en ces années de la fin du XIIIe siècle que Florence, par son activité industrielle, commerciale et bancaire, accède au rang de puissance européenne et commence à faire éclater le luxe de ses arts et de ses lettres, mais aussi que « des hommes nouveaux, subitement enrichis » gâtent les vieilles mœurs.

En 1274 a lieu la première rencontre avec la fameuse Béatrice qui, d’après les indications de Boccace et du fils de Dante, Pietro, serait l’une des filles de Folco Portinari, Bice. En 1283 a lieu une seconde rencontre avec Béatrice.  Sa jeunesse paraît avoir été agitée et inconstante, puis toute différente. Certains historiens ont démontré qu’il entre alors dans la cléricature, sans toutefois aller au delà des ordres mineurs. Ce serait alors, au couvent dominicain de Santa-Maria-Novella. qu’il aurait acquis la forte culture théologique qu’il mettra en œuvre dans sa Divine Comédie. En 1287, il suit des cours à l’université de Bologne sans toutefois obtenir aucun diplôme. Il y fait la connaissance du poète et juriste Cino da Pistoia. C’est cette même année ou la suivante que se situe le mariage de Béatrice avec Geri de Bardi.

Béatrice meurt le 8 juin 1290. Dante trouve réconfort dans la lecture du De consolatione Philosophiae de Boèce et du De amicitia de Cicéron. Ces lectures l’amènent a approfondir sa connaissance des auteurs classiques : Virgile en tout premier lieu, mais aussi Horace, Ovide, Lucain, Stace et Sénèque. De ces années date véritablement sa formation philosophique et littéraire.

Vers 1292, il publie sa première grande œuvre : la Vita Nova, exemple le plus achevé de ce que Dante appelle le dolce stil nuovo et maillon essentiel dans son cheminement.

De mai à septembre 1296, Dante fait partie du Conseil des Cent. Le 5 juin, il y prononce un discours.

En mai 1300, il est envoyé comme ambassadeur à San Gimignano pour inviter cette ville à une union du parti guelfe. Il est élu prieur pour la période du 15 juin au 15 août. A la suite de graves désordres à Florence, il approuve un décret qui frappe d’exil les meneurs les plus turbulents des deux factions – Blancs et Noirs – qui viennent de se constituer au sein du parti guelfe. Parmi les exilés se trouve son ami le poète Guido Cavalcanti, Blanc comme lui.

En 1301, il prend part à de nombreuses réunions des organes politiques de Florence. Les Noirs, soutiens inconditionnels des prétentions politiques du pape sur la ville accusent sans relâche les membres de l’autre faction guelfe de faire la politique des gibelins, partisans du pouvoir politique de l’empereur d’Allemagne. De fait, les responsables de la ville, favorables à une voie moyenne entre les positions des guelfes les plus intransigeants et des gibelins, ont pour lors de solides raisons de s’inquiéter des ambitions du pape : Boniface VIII se prépare, en effet, à faire rétablir son influence sur la ville par Charles de Valois (1270-1325), frère du roi de France Philippe IV le Bel et comte d’Anjou par son mariage en 1290.

En octobre, Dante est envoyé à Rome comme ambassadeur auprès du pape pour le faire renoncer à ses ambitions sur leur cité. La mission diplomatique de Dante échoue totalement. Dante se souviendra dans sa Divine Comédie de Boniface VIII, ce pape « qui ne connaissait d’ennemis que parmi les chrétiens », ce « prince des nouveaux pharisiens », et le placera en enfer.

A la Toussaint de 1301, Charles de Valois entre à Florence. Les Noirs triomphent et se livrent à de terribles représailles contre tous les Blancs en vue. Le 27 janvier 1302, alors qu’il est encore à Rome, Dante est cité en justice : il est accusé avec quatre autres anciens prieurs de la ville d’avoir commis des détournements de biens et condamné à restituer les biens volés, à payer une amende, à demeurer hors de Toscane pendant deux ans et à perdre définitivement leurs droits civiques.

Dante est à Sienne lorsqu’il apprend le jugement du 10 mars qui décide la confiscation de ses biens et le condamne à mort par contumace pour ne s’être pas présenté devant ses juges dans les délais requis. Une expédition contre les Noirs de Florence est préparée quelques mois plus tard, en 1303. Elle échoue lamentablement au mois de mars. Dante est accusé par ses amis d’avoir par ses tergiversations causé l’échec de l’entreprise. Écœuré par les intrigues et la médiocrité de ses compagnons d’infortune, Dante quitte les rangs des Blancs et se résout à « être à lui-même son propre parti ».

Une longue errance commence alors pour le poète, de ville en ville. Elle ne se terminera qu’à sa mort. C’est durant ces années que seront composés les 14 000 vers de la Divine Comédie.

Ce n’est qu’en 1306 qu’il trouve enfin un véritable refuge à Val di Magra, auprès de la famille Malaspina. Il se rend à Sarzana le 6 octobre 1306 pour conclure au nom des Malaspina un accord avec l’évêque de Luni, Antonio di Camilla.

Dans les premiers jours de l’année 1311, Moroello Malaspina se trouve à Milan pour fêter l’arrivée en Italie de l’empereur Henri VII. On sait que, dès avant l’arrivée de Henri VII à Milan, Dante est déjà allé lui rendre hommage. Le 29 juin 1312, Henri VII reçoit à Rome, selon la tradition, la couronne impériale. Dante se trouve à Pise lorsque l’empereur y prépare son offensive contre Florence. Rien ne nous indique cependant qu’il ait pris part à cette action. Henri VII renonce, le ler novembre, à conquérir la ville.

En 1313, Dante suit les déplacements de Henri VII en Toscane. Après la mort de l’empereur, le 24 août, à Buonconvento, près de Sienne, alors qu’il allait engager une guerre contre le roi de Naples, Robert d’Anjou, Dante retourne à Vérone chez Can Grande della Scala. Des grands espoirs qu’il avait placés dans le jeune empereur ne subsiste qu’un seul souvenir, son traité De la Monarchie, que l’on peut très probablement dater de cette époque.

En 1315, une amnistie lui est accordée par la ville de Florence. Il en refuse les conditions, qu’il juge déshonorantes.

En 1321, il est envoyé à Venise pour régler un différend survenu entre la cité des Doges et le comte Guido. Peu de temps après son retour à Ravenne, dans la nuit 13 au 14 septembre, il meurt, peut-être d’une fièvre paludéenne contractée durant le voyage.

OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN

Vita Nova