François LIBERMANN

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(1802 – 1852)

 

Étrange et séduisante figure que celle de François Libermann, fondateur de la Congrégation du Saint-Esprit. Juif alsacien, Jacob Libermann passe les vingt premières années de sa vie (1802-1822) à Saverne dans un milieu culturellement juif, séparé des sphères françaises et allemandes : il ne parle ni le français, ni l’allemand, mais le judéo-allemand.

Son père, rabbin, le choisit pour son successeur et lui fait étudier le Talmud des années durant. Puis, il l’envoie à Metz en 1822 afin de parfaire sa formation de rabbin.

Jacob découvre alors la langue française, apprend le latin et le grec, lit Rousseau. C’est le choc de la modernité. Peu à peu, il ne se reconnaît plus dans la foi de ses pères et tombe dans une espèce de doute rationaliste. Il se rend à Paris. C’est dans cette solitude que Libermann va être « retourné » – converti –, le lundi 13 novembre 1826. Dans un moment d’angoisse, il tombe à genoux et prie le Dieu de ses pères. Il ne passe donc pas directement d’un athéisme philosophique à la foi chrétienne. Il retrouve d’abord la foi de son peuple. Il est alors gratifié d’une « illumination » : il s’agit bien d’une grâce, d’un don. Toutes ses objections tombent en un instant.

Baptisé la veille de Noël 1826, il manifeste très vite le désir de devenir prêtre et entre au séminaire de Saint-Sulpice. Commence alors une grande aventure qui fera de lui l’un des grands fondateurs de congrégation et l’un des écrivains spirituels les plus abondants et les plus profonds de son siècle. Écrit en quelques mois à Rome, son Commentaire de Jean est un chef d’œuvre qui fait pâlir la plupart des autres commentateurs. Son abondante correspondance est admirable de pénétration psychologique et de connaissance biblique.

Les Spiritains gardent une profonde affection pour leur fondateur et lisent certains de ses textes réédités pour leur propre usage. Mais à l’heure où le christianisme retrouve ses sources juives, il est extrêmement dommage que cette noble et émouvante figure et cette œuvre pleine d’admirables intuitions restent aussi méconnues, y compris en Alsace où les Spiritains sont pourtant si présents.

François Libermann est né à Saverne le 12 avril 1802 et mort à Paris le 2 février 1852. Issu d’une famille de rabbins et destiné à le devenir, c’est très tardivement qu’il épouse la foi catholique. Baptisé à Paris à 24 ans, il commence des études de philosophie au collège Stanislas (1827), puis entre au séminaire de Saint-Sulpice (1831). Souffrant d’épilepsie, il n’est pas admis à recevoir l’ordination. On l’autorise toutefois à rester au séminaire d’Issy pour y faire les courses et les travaux du jardin. Il y reste six ans.

Appelé en 1837 par les Eudistes de Rennes à diriger leur noviciat, il y fait l’expérience d’un nouvel échec. À la suite d’une longue crise se produit en lui une nouvelle révolution qui détermine sa vocation de missionnaire. En 1839, il part pour Rome et y prépare les statuts d’une nouvelle congrégation. Son projet est approuvé, sa santé s’améliore : il peut enfin, en 1841, recevoir l’ordination sacerdotale. Trois jours après est fondée la Société du Saint-Cœur de Marie.

Grâce à son énergie inépuisable et à ses talents d’organisateur, la Congrégation connaît en Afrique un rapide essor. Elle fusionnera en 1848 avec la Congrégation du Saint-Esprit, dont Libermann deviendra ainsi le deuxième Fondateur. L’Église l’a déclaré Vénérable en 1910.

OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN

Petit Traité de la vie intérieure