Jacopo Benedetti, dit JACOPONE DA TODI

JACOPONE
(1236 – 1306)

Jacopo Benedetti, frère « Jacovone » comme il se nomme lui-même dans une de ses laudes, naît à Todi, en Ombrie, dans les années 1230-1236, dix ans environ après la inort de saint François d’Assise (1226). Il appartient, du côté de son père, à une famille noble.

Après avoir étudié le droit, il exerce la profession d’homme de loi – ou de notaire – dans sa ville natale. Marié à Vanna di Bernardino di Guidone, de la famille des comtes de Coldimezzo, il perdra sa jeune épouse dans un accident, lors d’une fête.

À partir de ce moment – un cilice trouvé sur le corps de Vanna lui aurait indiqué le chemin –, il mènera pendant dix ans (1269-1278) une vie d’errance, de pénitence, de mendicité et d’humiliations volontaires. Au terme de cette période, durant laquelle il a porté le long capuchon des « Pénitents », il est admis parmi les Frères Mineurs.

Il adhère alors au courant des « Spirituels », qui prônent la stricte observance de la règle de saint François et le maintien absolu du vœu de pauvreté. Après l’élection au Saint-Siège de l’ermite Pier da Morrone, Célestin V, il approuve l’envoi au nouveau pape d’une délégation visant à obtenir l’autonomie de ce courant à l’intérieur de l’Ordre. Ainsi naît la congrégation des Pauperes heremitae domini Celestini. Celle-ci ne survivra pas à l’abdication, l’année même de son élection, de Pier da Morrone et sera aussitôt dissoute par son successeur, Boniface VIII.

Jacopone connaissait bien le pape Boniface qui, n’ayant pas encore reçu l’ordination, s’était fait octroyer par le chapitre de la ville de Todi un bien confortable canonicat Il lui consacre l’une de ses laudes les plus polémiques, O papa Bonifazio, molt’ài giocato al mondo. Plus encore, il va jusqu’à souscrire au fameux manifeste de Longhezza (10 mai 1297) : s’inspirant de la thèse des cardinaux Jacopo et Pietro Cotonna, ce document met directement en cause la validité de l’élection du pape et demande la convocation d’un nouveau conclave.

Boniface VIII excommunie les deux cardinaux ainsi que leurs défenseurs et assiège leur place forte, Palestrina. La forteresse tombe après avoir résisté un an et demi. Jacopone est condamné à la prison perpétuelle et incarcéré dans les souterrains d’un couvent de Frères Mineurs hostiles aux « Spirituels », vraisemblablement celui de San Fortunato à Todi.

Avec simplicité et réalisme, avec l’humour et le détachement d’un homme pour qui la souffrance physique n’est pas l’essentiel, Jacopone évoque dans une de ses laudes la maigre pitance, la vermine et le froid de sa captivité. Tout comme Pier da Morrone ne s’était pas laissé tenter par les séductions de la Cour romaine, allant jusqu’à abdiquer, Jacopone n’a pas été tenté par un « repentir » – symboliquement exprimé dans un de ses poèmes par un loyer à payer à ses geôliers – qui eût signifié son abjuration d’une certaine idée du christianisme et de l’Eglise.

Apôtre de la pauvreté, témoin et défenseur de celle-ci, cet homme du renoncement à soi a pourtant cruellement souffert de son excommunication par Boniface VIII et vivement désiré d’en être enfin absous. Par-delà l’absolution, son plus profond désir est de rejoindre l’Ordre franciscain et l’Eglise du Christ.

Libéré et absous de l’excommunication par Benoît XI, successeur de Boniface, Jacopone mourra trois ans plus tard, la nuit de Noël de l’année 1306, dans le couvent des Clarisses de Collazzone, près de Todi.

OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN

Chants de pauvreté