(1307 – 1382)
Rulman Merswin, né à Strasbourg en 1307, sept ans après Jean Tauler (vers 1300), était un riche banquier, respecté pour son intégrité.
En 1347, il décide de mener, avec sa femme, une vie « semblable à celle des tertiaires ». Cette conversion dure quatre années, de fin 1347 à 1352, et Jean Tauler devient son confesseur en 1348. Cette période est particulièrement sombre pour Strasbourg et sa région : deux tremblements de terre (1346 et 1348) et surtout une épidémie de peste asiatique, de 1347 à 1349, provoquant des pogroms et des processions de flagellants. Dans le même temps se développe l’hérésie des Frères du Libre-Esprit.
Rulman Merswin fait la connaissance de l’Ami de Dieu de l’Oberland qui devient son conseiller spirituel, son confident, à qui il se fiera entièrement durant toute son existence, et dont les lettres et de nombreux traités inspireront, jusqu’à la mort de l’Ami de Dieu, la communauté de l’Île-Verte.
Pendant douze ans, Rulman Merswin mène une existence retirée, jusqu’à ce qu’en 1364, le 9 octobre, il reçoive, en même temps que l’Ami de Dieu de l’Oberland, une première injonction de fonder une maison religieuse. Cependant, refusant de s’exécuter, il tombe malade et sa maladie dure deux ans.
Il n’en guérit qu’en 1366, en faisant l’acquisition d’un monastère abandonné, aux faubourgs de Strasbourg : l’Île-Verte (Grüne-Wörth). Dans les premiers temps, il le fait réparer et y installe quatre prêtres, ainsi qu’un jeune ami, qui deviendra prêtre à son tour et son secrétaire : Nicolas de Laufen.
L’intention de Rulman Merswin est de créer un refuge, un « nid », selon le mot de Jean Tauler, pour des laïques, éventuellement pour des prêtres, où ceux-ci se tiendraient en retrait du monde pour se vouer à la prière. Mais cette première expérience est décevante du fait des dissensions qui se font jour entre les prêtres et Rulman Merswin confie la direction de l’Île-Verte à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
En 1371, l’Ordre de Saint-Jean prend donc possession des lieux, et la même année, Rulman Merswin, veuf pour la deuxième fois, s’y retire. Il y mène une vie humble et cachée, selon le témoignage de ses contemporains.
L’Ami de Dieu de l’Oberland rompt toutes relations avec l’Île-Verte en l’année 1380. Rulman Merswin reprend alors ses manuscrits et les enferme dans « une petite armoire scellée de sa chambre ». Puis, « il se fit construire à côté de l’église une demeure à part, dans laquelle il vécut depuis lors dans une réclusion absolue, sans plus en sortir ni le jour ni la nuit, pas même pour se rendre à l’église, puisqu’il pouvait assister de sa chambre à la célébration de la messe ».
Il meurt deux ans plus tard, le vendredi 18 juillet 1382.
OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN