Tony HARRISON

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Né en 1937 dans un quartier ouvrier de Leeds, dans le Nord de l’Angleterre, Tony Harrison a été comblé par l’affection discrète d’un père boulanger et d’une mère aimante. Il aurait pu avoir l’enfance ordinaire de tous les garçons de son milieu, s’il n’avait très tôt manifesté une soif insatiable de lecture.

À onze ans, il obtient une bourse pour poursuivre ses études secondaires à la prestigieuse Leeds Grammar School. À l’école, son fort accent du Yorkshire et son idiome populaire lui valent railleries et humiliations, notamment de la part du professeur d’anglais. Tony se sent le mouton noir de sa classe et se prend à rêver de vengeance sociale.

Il poursuit de brillantes études en lettres classiques à l’Université de Leeds. Il y côtoie Geoffrey Hill, Jon Silkin, Jeffrey Wainwright, James Simmons, ou encore Wole Soyinka, futur prix Nobel de littérature, et publie ses premiers poèmes. Il commence une thèse sur les traductions en vers de l’Énéide de Virgile. Parallèlement, il enseigne l’histoire dans une école des environs, tout en effectuant des travaux de manutention dans une brasserie après les cours.

Après son mariage en 1960 et la naissance de sa fille, il emmène en 1962 sa jeune famille au Nigeria où il enseigne l’anglais dans une université. Il crée, en 1964, en collaboration avec James Simmons, une version d’une comédie d’Aristophane, Lysistrata, adaptée au contexte social, politique et culturel local. Il publie la même année son première recueil de poèmes, Earthworks.

La famille poursuit son périple vers la Tchécoslovaquie où il enseigne un an à Prague. Il a trente ans en 1967 lorsque les universités de Newcastle et de Durham lui offrent un poste de Northern Arts Literary Fellow. Il rentre en Angleterre et se consacre désormais exclusivement à l’écriture.

En 1969, il décroche un nouveau Fellowship auprès de l’UNESCO, qui lui permet de reprendre la route vers Cuba, le Brésil, la Cordillère des Andes et de nouveau l’Afrique.

De retour à Newcastle l’année suivante, il publie son deuxième recueil de poèmes, The Loiners (1970), qui est distingué par le Geoffrey Faber Memorial Prize en 1972. Tony Harrison est contacté par le Royal National Theatre à Londres, pour écrire une traduction en vers du Misanthrope de Molière. Créée en 1973, cette version remporte un succès international. En 1975, le Royal National Theatre lui commande une version de Phèdre de Racine et, deux ans plus tard le nomme Poète en Résidence. Il se lance à corps perdu dans les expérimentations esthétiques, le théâtre, la danse, la musique et le chant faisant pour lui partie d’un tout organique.

Son talent suscite l’intérêt de l’Opéra de New York qui lui commande une traduction du livret tchèque de Smetana, la Jeune Fille volée. C’est à cette occasion qu’il rencontre la soprano Teresa Stratas qui deviendra sa femme en 1984. Parallèlement à l’opéra, il prépare une adaptation de l’Orestie d’Eschyle qui lui vaut le Prix Européen de Traduction Poétique en 1983. Également en 1981, il publie Continuous : 50 sonnets from ‘The School of Eloquence’, qui le hisse au rang de poète majeur de sa génération.

En 1984, la Grande-Bretagne thatchériste vit l’un des pires épisodes de l’après-guerre : la grande grève des mineurs paralyse le pays et révèle une énorme fracture sociale, des thèmes explorés dans v., une élégie urbaine, pleine d’amour, d’humour et de violence, publiée en 1985.

Quand Salman Rushdie est frappé d’une fatwa islamiste, Tony Harrison le défend avec passion en 1989 dans le film/poème intitulé The Blasphemers’ Banquet. La BBC1 passe outre les tentatives d’intimidations.

Voulant démystifier le médium poétique en allant à la rencontre des médias de masse, il publie régulièrement des poèmes dans le Guardian et en 1995 il part même pour Sarajevo assiégée comme envoyé spécial du quotidien britannique. Fort de l’expérience acquise avec ses films/poèmes, il passe au rôle réalisateur à part entière. Tony Harrison se lance également dans des projets « kamikazes », écrivant et mettant en scène des pièces créées pour une représentation unique dans un lieu inédit. Ainsi naissent Poetry or Bust (1993), The Kaisers of Carnuntum (1995), The Labourers of Herakles (1995).

À la mort de Ted Hughes en 1998, son nom circule pour succéder au poste de Poète Lauréat mais ce républicain convaincu exprime aussitôt son indignation dans les pages du Guardian, des poèmes collectés en 2000 dans Laureate’s Block.

1998 marque l’année de la consécration cinématographique pour Tony Harrison avec la réalisation du long métrage Prometheus. Deux ans plus tard, il explore les possibilités offertes par la technologie numérique dans le film/poème Metamorpheus. C’est ensuite vers un mythe d’un autre genre qu’il se tourne dans Crossings (2002), un remake de Night Mail, film pionnier dans le mélange de la poésie, de la musique et du documentaire auquel collaborèrent W. H. Auden et Benjamin Britten en 1936.

Après Under the clock en 2005 et une pièce de théâtre, Hecuba, plaidoyer pacifiste symboliquement interprété par Vanessa Redgrave, les éditions Faber publient l’intégrale des pièces de théâtre en cinq volumes puis l’intégrale des scripts de films/poèmes (Collected Film Poetry). Viking marque le soixante-dixième anniversaire du poète avec la publication de Collected Poems (2007).

Tony Harrison est l’un des plus grands poètes britanniques contemporains. Sa poésie est traduite en de nombreuses langues. « Long Distance » est incontestablement son poème le plus international, ayant déjà été traduit en neuf langues (français, flamand, italien, allemand, tchèque, hongrois, bulgare, norvégien et suédois).

OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN

Cracheur de feu