Un livre fondateur
Extraits d’un article de Michel Guerrin sur Notes paru dans Le Monde du 12 novembre 2000
C’est avec le livre Notes (Arfuyen, 1979) que Raymond Depardon inaugure une forme photographique qui a fait son succès, un art du montage sans équivalent entre des photos et des confessions écrites et intimes.
Les images sont au cœur de l’actualité, prises dans les guerres du Liban (son fameux combattant phalangiste, à Beyrouth) et d’Afghanistan. Mais Depardon privilégie les «temps faibles », en marge. Ces derniers sont renforcés par les mots dans lesquels Depardon confie ses doutes, sa peur, sa fatigue, parle de la femme qu’il aime, avoue qu’il a raté une photo – ou plutôt qu’il l’a laissé filer.
Cette brochure culte de 44 pages, qui ne paie pas de mine, publiée par un éditeur de poésie, est épuisée. En couverture, un hall d’aéroport glacial ; appel au voyage, prise de distance aussi avec le « métier » de reporter-photographe – il vient de quitter l’agence Gamma, qu’il a cofondée en 1967, pour Magnum.