Sur « Quand j’étais gosse »

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La lecture de Jean-Claude Walter

Extraits d’un article sur Quand j’étais gosse paru dans Élan en janvier 2009

 

Il faut courir, toutes lectures cessantes, au livre Quand j’étais gosse et autres petites histoires alsaciennes, où Noctuel vient de traduire de l’alsacien les alertes récits de Gustave Stoskopf (1869-1944). Les personnages de son théâtre, comme D’r Herr Maire, les habitants de Brumath et de sa région, qu’il a portraiturés sur ses toiles, les voisins ou les copains de bistro, tout s’anime, parle et se dépense ici pour notre plus grand plaisir. Enfin un écrivain qui nous rappelle, par l’exemple, que la lecture est d’abord dépaysement, voyage dans le réel et l’imaginaire, évasion et plaisir.

Grâce à cette traduction de Noctuel, qui connaît bien notre langue, le coup de pinceau et l’humour pince-sans-rire de Stoskopf éclairent chaque page, presque chaque phrase de ces contes dont les dialogues nous entraînent par leur vivacité. À table, à l’auberge, ou sur la grand-place d’un village, nous découvrons des gens qui vivent, parlent et rient comme s’ils étaient nos contemporains, nos voisins, nos frères. À travers des lieux connus : Brumath bien sûr, la ville natale, Haguenau, Bouxwiller, Schiltigheim « port de mer », et Strasbourg – lorsque les autochtones vont faire leurs achats en ville, ou bien le pays de Hanau, Ingwiller, ou Hoerdt baptisé « l’Eldorado des asperges ».

Et les personnages au franc parler ou à l’ironie voilée mènent leurs sarabandes dans toutes les strates de la société agriculteurs, artisans, ouvriers, commerçants, – un avocat, un voyageur de commerce, un juge de paix, des musiciens, des copains et des coquins – tout cela vit et vibrionne à qui mieux mieux, sous la plume alerte du dramaturge qui s’est fait prosateur pour ces histoires drolatiques de Üs minere Kneckeszitt un anderi elsassischi G’schichtle.

Une lecture à la fois enrichissante et roborative, voilà qui est rare dans le paysage littéraire d’aujourd’hui. Chez Stoskopf, l’humour est roi, et nous en profitons car il sait faire de ses lecteurs des complices.