L’Entretien avec Motovilov

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Traduit du russe par Madame Mouraviev – Préface du Père Michel Evdokimov

L’Entretien avec Motovilov constitue, avec les Récits d’un pélerin russe et la Petite Philocalie, l’un des trois joyaux de la spiritualité orthodoxe.

Aucun saint n’est plus populaire dans l’orthodoxie slave que cet extraordinaire bonhomme de staretz Séraphim, tout droit sorti d’un roman de Dostoïevski, qui habite dans les bois, guérit les malades, reçoit tous les pauvres et les illumine de sa parole.

C’est cette éclatante simplicité qui fait de l’Entretien, au même titre que les Récits d’un pèlerin russe ou les Fioretti de saint François d’Assise, l’un des textes les plus attachants et les plus fascinants de la littérature chrétienne.

« C’était un jeudi. Le jour était gris. La neige recouvrait la terre de plus de quinze centimètres. Une épaisse poudre blanche tombait encore quand le Père Séraphim commença de s’entretenir avec moi. Nous étions dans une clairière, près de son petit ermitage, en face de la rivière Sarowka, là où la montagne descend près de ses rives. Il me fit asseoir sur un tronc d’arbre qu’il venait d’abattre et s’accroupit face à moi. »

Ainsi commence le récit de l’entretien de saint Séraphim de Sarov avec Nicolas Motovilov, à la fin de novembre 1831. C’est Motovilov lui-même, guéri par le staretz d’une paralysie qui en rédige la transcription.

« Le Seigneur m’a révélé, dit le Père Séraphim, que depuis votre enfance vous désirez savoir quel est le but de la vie chrétienne et que bien des fois vous avez interrogé sur ce point de hauts personnages de la hiérarchie de l’Église. Mais personne ne vous a donné la définition de ce qu’est ce but. »

Dans cet entretien improvisé au cœur de la forêt, il ne s’agit de rien de moins que d’élucider le sens même de la vie spirituelle, et plus largement même le sens de toute vie. « Le vrai but de la vie chrétienne, déclare Séraphim, consiste dans l’acquisition de l’Esprit Saint de Dieu. » Que veut dire cette acquisition ? qu’est-ce que l’Esprit Saint ? Ce sont les réponses à ces questions que fournit ce bref entretien.

Mais bien plus : Séraphim donne à Motovilov, éberlué, de faire lui-même l’expérience de la réalité de toutes choses dans la lumière dévoilante de la transfiguration.

Après la mort de Motovilov, sa femme entre au monastère et y apporte tous ses papiers. Ce n’est que 72 ans plus tard, en 1902, qu’elle y retrouve le texte de l’Entretien. Il est publié en juillet 1903, le mois même où est célébrée à Sarov, en présence du tsar Nicolas II, la canonisation de Séraphim.

Coll. Les Carnets spirituels – 2002 – ISBN 978-2-845-90010-3 – 12 €