Claude Vigée, né à Bischwiller (Bas-Rhin) le 3 janvier 1921, est issu d’une famille juive établie en Alsace depuis plus de trois siècles. Ses grands-parents étaient drapiers, marchands de grains, de noix et de houblon.
Son enfance se passe à la campagne, dans la région marécageuse et boisée du Ried qui longe le Rhin. Sa petite ville natale est encore, à cette époque, un centre de l’industrie textile fondée au XVIII°siècle par des réfugiés huguenots. Dans les années suivant la première guerre mondiale, on y parlait surtout le dialecte alsacien.
Ayant terminé ses études secondaires au collège classique de Bischwiller et au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg en 1938, il est évacué, puis expulsé d’Alsace avec tous les siens à la suite de l’occupation nazie.
Étudiant en médecine, il participe à l’organisation de la résistance juive à Toulouse contre l’occupation hitlérienne et contre le gouvernement de Vichy, d’octobre 1940 à fin 1942.
Il publie ses premiers vers dans la revue résistante Poésie 42, chez Pierre Seghers, à Villeneuve-lès-Avignon. Il y rencontre Louis Aragon et Pierre Emmanuel, qui restera son ami.
Réfugié aux Etats-Unis au début de 1943, il s’y marie après la guerre avec sa cousine Évelyne et y termine son doctorat en langues et littératures romanes en 1947.
Il enseigne la littérature française à l’Ohio State University, à Wellesley College, puis à l’Université Brandeis, près de Boston, dont il dirige le département des littératures européennes jusqu’en 1959.
C’est là que grandissent ses enfants, Claudine et Daniel, nés en 1948 et 1953. À cette époque, il correspond avec T. S. Eliot et André Gide. Il rencontre Saint-John Perse, Jorge Guillen, Gaston Bachelard, Albert Camus, Paul Celan.
En 1950, il publie son premier livre de poèmes, La Lutte avec l’Ange, à Paris. En 1954 paraît La Corne du Grand Pardon (Pierre Seghers), en 1957 L’Eté Indien, accepté chez Gallimard par Albert Camus, puis en 1962, au Mercure de France Le Poème du Retour.
Arrivé en Israël durant l’été 1960, il est nommé professeur de littérature française et comparée à l’Université hébraïque de Jérusalem, où il enseigne jusqu’en 1983. Il y dirige la chaire des études romanes de 1963 à 1967 et le département de littérature comparée de 1970 à 1972.
Il se lie d’amitié avec le philosophe Martin Buber, l’historien Gershom Scholem et le poète Léah Goldberg.
Les poèmes écrits de 1939 à 1971 paraissent en 1972 sous le titre Le Soleil sous la mer. Une étude suivie d’une anthologie est publiée en 1978 par les soins de Jean-Yves Lartichaux dans la collection Poètes d’aujourd’hui aux éditions Seghers.
Depuis sa retraite, prise en 1984, il partage son temps entre Jérusalem et la France. Il séjourne à Paris et en Alsace, mais aussi en Allemagne, en Italie et en Grèce.
Claude Vigée a reçu divers prix littéraires français et étrangers. On citera en particulier le prix international Jacob-Burckhardt (Suisse, 1977), le prix Johann-Peter Hebel (RFA, 1984) et le grand prix de poésie de la Société des Gens de Lettres (Paris, 1987).
Il est le président d’honneur du Jury du Prix Nathan Katz du patrimoine.
OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN
Etty Hillesum, « histoire de la fille qui ne savait pas s’agenouiller » (co-auteur)
Yvan Goll, L’Herbe du songe (traduction)
Rainer Maria Rilke, Le Vent du retour (traduction)
Nathan Katz, Œuvre poétique I et Œuvre poétique II (traductions)