(1602 – 1659)
Jean de Bernières naît dans une grande famille normande extrêmement pieuse. Il s’engage dans la Compagnie du Saint-Sacrement de Caen fondée en 1644 par M. de Renty (1611-1649) et lui succède en 1649.
Bernières fait également partie du Tiers Ordre franciscain laïc : il reste engagé dans le monde, tout en menant une vie consacrée à l’oraison et à une pratique intense de la charité : « Il porte sur son dos les indigents qui ne peuvent pas marcher jusqu’à l’hospice … il lui faut traverser les principales rues de la ville : les gens du siècle en rient autour de lui. »
Il contribue toute sa vie à la fondation d’hôpitaux, de couvents, de missions et de séminaires. Il s’associe au projet de Marie de l’Incarnation et de Madame de la Peltrie, qui veulent partir en 1639 en mission de conversion auprès des Iroquois du Canada et reste gérer les ressources pour les missions du Canada.
Rempli de l’idéal franciscain transmis par son père spirituel Jean-Chrysostome de Saint-Lô, il se sent coupable d’être riche. Sa famille résiste à, ses désirs de faire donation de ses biens. Il y parvient cependant et passe ses dernières années dans un simple logis, mangeant du pain noir dans de la vaisselle en terre.
Avec un groupe d’amis, il crée l’Ermitage, pour y vivre une vie d’oraison et de charité hors de toutes contraintes. Plein de doutes sur lui-même, il se demande s’il ne doit pas abandonner : Il ne faut pas prendre garde à ce que je dis : ma lumière est petite, mon discernement faible et ma simplicité grande.
Il suscite pourtant un tel respect qu’il dirige dans toutes les classes sociales, des laïcs et des prêtres, des supérieurs de monastères. Il forme pendant quatre ans à l’Ermitage le futur premier évêque de Québec, Mgr de Laval. Il initie à l’oraison des dizaines d’ursulines en faisant des conférences au parloir du monastère de sa sœur Jourdaine.
Ce renouveau mystique s’étendra de Caen à Paris par l’intermédiaire de « l’ami intime », devenu confesseur de l’abbaye de Montmartre, Jacques Bertot (1620-1681), puis par Madame Guyon (1647-1717), la dirigée laïque de ce dernier, qui lira Bernières avec admiration et retrouvera la même absence de conventions pour mener ses amis vers l’oraison.
OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN