(ca 1320 – ca 1382)
Si l’on en croit les documents conservés par les Johannites à l’Île-Verte de Strasbourg, l’Ami de Dieu de l’Oberland était le fils d’un riche négociant d’une ville non précisée, que certains commentateurs ont voulu identifier à Coire ou Bâle.?
À la mort de ses parents, il quitte les affaires pour mener une vie quelque peu dissipée en compagnie d’un jeune chevalier, ami d’enfance. Il dira qu’il était alors tombé dans le péché.
Fiancé à une jeune fille noble, il reçoit une vision qui le détourne de son mariage et du monde, à la suite de quoi il vend ses biens et se consacre durant cinq années aux œuvres de charité dans un quartier pauvre de sa ville natale. Il confie le récit de ces cinq années où alternent visions et tourments à un Ami de Dieu, comme il le fera plus tard à Rulman Merswin en échange du récit de ses expériences.
Au terme de ces années, l’Ami de Dieu quitte sa vie retirée, entreprend de convertir son ami d’enfance, ainsi que plusieurs autres chevaliers. Il entre aussi en relation avec des amis de Dieu de la région et fonde finalement une « société » dans sa propre maison. Ses connaissances s’étendent alors à l’Italie, à la France et jusqu’en Hongrie.
Il rencontre peu après Rulman Merswin et devient son guide spirituel. « Un jour, écrit Merswin, Dieu commanda à un homme de l’Oberland de descendre à ma rencontre. Et quand il fut venu, Dieu me demanda de m’ouvrir de toutes ces choses avec lui. Cet homme était un parfait étranger pour les gens d’ici, mais il devint mon ami caché. Je devins aussi intime avec lui qu’avec Dieu, et lui confiai tous les secrets de mes quatre années de naissance spirituelle. »
Rulman Merswin a eu comme confesseur Jean Tauler, ce même Tauler que l’Ami de Dieu, selon l’interprétation traditionnelle du Livre du Maître (Meisterbuch), aurait converti à la vie intérieure. Tauler étant mort en 1360, c’est bientôt l’Ami de Dieu lui-même qui accompagnera la fondation de l’Île-Verte de Strasbourg dont il deviendra l’inspirateur, par l’intermédiaire de Rulman Merswin.
En 1365, l’Ami de Dieu quitte sa ville natale et se rend dans un ermitage où il élève une maison et une chapelle, avec quatre compagnons. Il décrira lui-même la vie de cette communauté dans le Livre des cinq hommes (1377).
L’Ami de Dieu se rend en 1377 à Rome pour y rencontrer le pape Grégoire XI et l’appeler à réformer la Chrétienté.
Du 15 au 21 novembre 1378, se tient une première « diète divine » dans l’ermitage du Haut-Pays. Ce sont sept Amis de Dieu qui s’y réunissent, venant de plusieurs pays d’Europe, autour de l’Ami de Dieu de l’Oberland, pour retarder, par la prière et la supplication, « la grande tempête » qui doit s’abattre sur l’humanité. Dieu se laissant fléchir par leurs prières, l’échéance est repoussée d’une année.
À la Noël 1379, l’Ami de Dieu reçoit l’ordre de se rendre à nouveau dans l’ermitage du Haut-Pays pour le Jeudi Saint. Cette fois, ce sont douze Amis de Dieu qui seront réunis autour de lui, le 22 mars 1380 : ils viennent « de Milan, de Gênes et de la Hongrie ». Le Vendredi Saint, une lettre tombe du ciel au milieu de leur assistance. Cette lettre est écrite en allemand, en latin, en italien et en hébreu. Elle avertit les Amis de Dieu que s’ils acceptent de devenir « captifs de Dieu », la « grande tempête » sera de nouveau retardée de trois ans. Le dimanche de Pâques 1380, après que les Amis de Dieu eurent accepté la proposition de la lettre, ils se réunissent autour d’un grand feu et y jettent la lettre qui remonte en direction du ciel, sans brûler. Puis les douze se séparent.
On ignore ses dernières années, ses relations avec Rulman Merswin s’étant interrompues après cette date.?
OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN