Les textes de Bribes pour un double ont paru pour la première fois aux Éditions Arfuyen en 1984. Ils ont été réédités dans une version revue et augmentée en 1992, intégrant aux textes de la première édition ceux d’un recueil contemporain (1984), Convergence, paru aux Éditions Terriers.
Les textes ici présentés témoignent de la manière la plus aiguë de cette entreprise singulière qui est à l’origine de l’œuvre de Charles Juliet, où expérience intérieure et travail d’écriture, étroitement unis, tracent comme une voie de salut . Ils appartiennent à la veine la plus secrète de l’œuvre de Charles Juliet : celle des poèmes d’Affûts (1980) et de L’autre chemin (1980 également).
Il s’agit ici d’un aspect de son travail plus intime encore que le Journal : notes non point liées à des rencontres ou à des circonstances, mais focalisées sur le travail même de l’écriture.
Véritable « carnet d’écrivain », constitué d’aphorismes, de courts poèmes et de réflexions morales : textes écrits d’intuition, soit en marge d’autres textes, pour élucider les mécanismes de la création : « Abandonne-toi à ce qui survient / Contrôle ce qui prend forme / Sache faire alterner / Abandon et maîtrise), soit en des temps d’aridité, pour reprendre courage / L’écrivain tire profit de tout / fût-ce de qui en lui / repousse l’écriture. »
Le plus émouvant, dans ce livre discret et humble, notait très justement le Bulletin Critique du Livre Français en 1992, est sans doute que ces « maximes » ne soient pas des préceptes esthétiques mais des lignes de conduite qui, loin des pesantes règles de la morale, peuvent aider dans la tâche de vivre chacun d’entre nous, quelle que soit sa vocation.
C’est là sans doute, plus que la réussite littéraire, ce que recherche profondément Charles Juliet.
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2001 – ISBN 978-2-908-82581-7 – 9,91 €