Chemin de ronde

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Proses

Image de couverture de Erwin Heyn

Jean-Claude Walter est l’auteur de nombreux romans et textes en prose et son écriture échappe aux catégories. Chemins de ronde n’est pas un recueil de poèmes, mais un ensemble de textes en prose. À eux seuls les titres de ses cinq parties suggèrent assez bien le caractère simple et quotidien de ces textes et leur prenante étrangeté : « Le matin, à dix heures » ; « Je descends dans la mine » ; « À force, l’errance devient un métier » ; « Prendre un mot au hasard » ; « L’encre, le secret, l’enfance ».

Trois noms dans la biographie de Jean-Claude Walter permettraient peut-être de délimiter le territoire singulier qui est le sien : Fargue, Queneau, Pavese. Trois noms auxquels il faudrait d’ajouter celui de Borges, à qui l’apparente une approche presque hallucinatoire de la langue et de la mémoire.

Citons la première phrase du livre, qui esquisse les chemins de ce voyage immobile, comme des « chemins de ronde » : « Le matin, à dix heures, quand on est pris par la pluie, tout est gris, humide, vaporeux – et l’on sent bien qu’on n’est plus de ce monde. On glisse et on s’enfonce de l’autre côté, là où se tiennent les esprits – anges ou démons. (…) Monde à part, en ce sens qu’il n’est plus régi par le Temps : nul vieillissement ne nous y attend, ni l’usure des chairs, ni le bris de la pensée. On s’y sent nouveau-né, mieux : intemporel, à jamais condamné à la félicité du rêve – comme Bari, mon chien. Peu importe les rafales, les charges, les morsures de la pluie… Allongé sur le flanc, pattes tendues et œil à demi clos, on se contente d’être soi, on s’élève, on flotte sur les nuages. Le voyage commence. »

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2004 – ISBN 978-2-845-90054-7 – 13 €