Das Weizenkorn
Préface de Gérard Pfister – Traduit de l’allemand par Frances Georges-Catroux
Grains de blé est le premier livre de Hans Urs von Balthasar que publient les Éditions Arfuyen. Aucun ouvrage ne pouvait convenir mieux que celui-ci dans Les Carnets spirituels.
D’une part, parce que Balthasar s’inscrit dans la droite ligne des mystiques rhénans qui constituent une des lignes de force de la collection : Balthasar a passé presque toute sa vie à Bâle et son paysage spirituel est profondément rhénan. Racontant sa vocation, il écrit : « Encore aujourd’hui, trente ans après, je pourrais retrouver sur ce chemin perdu de la Forêt-Noire, non loin de Bâle, l’arbre sous lequel je fus comme touché par l’éclair. » Et c’est à bien des pages, dans ces Grains de blé, que l’on retrouve des fragments entiers de Maître Eckhart et de Tauler, ou de leurs devanciers, comme Origène et le Pseudo Denys.
D’autre part, parce que, on se le rappelle, Balthasar fut le premier à reconnaître la grandeur de l’œuvre de Marie de la Trinité et à la faire découvrir en allemand comme Arfuyen l’a fait découvrir en français : « Je suis de plus en plus persuadé de l’importance capitale du message de Sœur Marie de la Trinité », écrivait-il en 1988, quelques mois avant sa mort.
Grains de blé est totalement inédit en français. C’est pourtant l’un des livres les plus personnels et des plus acccessibles de Balthasar. Il s’agit d’un recueil de réflexions en général assez brèves (de quelques lignes à une ou deux pages) que Balthasar a écrits tout au long de sa vie en marge des grands chantiers de son immense œuvre. Une première version de Das Weizenkorn (littéralement : Le grain de froment) a été publiée en 1944 à Lucerne, sa ville natale. De nouveaux textes seront ajoutés dans les éditions suivantes en 1953 et en 1989.
« La face de Dieu est comme un visage lumineux qui sort de l’ombre : pour le voir, nous jetons au feu tout ce que nous possédons, le monde, nos joies, nos espoirs. La flamme jaillit, dévorante et son éclat fait rayonner le visage aimé. Mais elle baisse, nous l’attisons alors avec les derniers biens qui nous restent : honneur, succès, volonté, intelligence, esprit, et enfin, notre moi : Absume et suscipe (prends et entreprends). Ce n’est pas un don, mais une connaissance croissante : je suis pris, je dois me rendre. La grâce est tout : c’est Dieu qui apparaît. La grâce est aussi tout sacrifice que le feu m’arrache. » C’est sur cette courte méditation que s’ouvre Grains de blé. On y trouve tout à la fois la la profondeur existentielle, la force spirituelle et la qualité littéraire qui ont assuré le rayonnement international (jusqu’en Chine où il est très largement traduit) de Balthasar.
Le livre comprend trois parties : « Dieu » (45 textes), « L’homme » (50 textes), « Le Départ» (59 textes). Un deuxième volume comportera trois autres parties : « Le Christ », « L’amour », « La vie ». La traduction de Madame Frances Georges-Catroux réussit à donner au texte allemand une fluidité et une élégance qui ne caractérisent malheureusement pas toujours les traductions françaises de Balthasar.
Coll. Les Carnets spirituels – 2003 – ISBN 978-2-845-90028-8 – 14 €