Image de couverture de Nicolas Dieterlé
Les présents textes ont été écrits par Nicolas Dieterlé dans les deux dernières années de sa vie. Leur titre fait référence à une phrase reçue au cours d’une marche en forêt : « Alors que nous marchions dans une forêt de hauts arbres entre lesquels ruisselait la lumière du soleil, comme une féerie, a surgi en moi cette phrase : ‘‘ici pépie le cœur de l’oiseau-mouche’’ »
Au plus profond de cette forêt mystérieuse qu’est la vie des hommes, la poésie est ce lieu, ce moment où l’on perçoit le plus fragile, le plus infime, le plus précieux : « Ici pépie le cœur de l’oiseau-mouche ». C’est ainsi qu’il faut comprendre ce livre qui est tout entier méditation sur la vie, sur la vérité et sur la poésie.
Dès le premier fragment : « Le toit des voitures est verni par le gel ; les branches des arbres crissent contre le ciel Dans l’allée, en passant, j’ai entendu le chant pointu, pareil à une mince flèche tournoyante, d’un oiseau invisible »
Et jusqu’au dernier, assez long, qui est le récit d’un rêve : « On m’avait désigné pour une mission exceptionnelle Je devais partir explorer l’espace grouillant d’étoiles en compagnie d’une jeune amie qui m’était chère J’étais fier d’une telle distinction : rares étaient ceux qui étaient élus pour une tâche aussi héroïque J’en étais aussi étonné : je me considérais comme trop peu fiable, trop peu confiant en moi, trop peu armé aussi, trop démuni intérieurement, pour affronter les dangers inhérents à cette entreprise Et si j’échouais lamentablement ? C’était ma grande crainte inavouée Je cachais cette peur à mon entourage, à mon amie même L’angoisse n’en était que plus forte, plus venimeuse. »
Tel est le sens de la poésie pour Nicolas Dieterlé : attention à ce chant d’un « oiseau invisible » mais aussi mission dangereuse, inquiétante. Pure grâce, mais enjeu vital, connaissance essentielle : « Poésie : puits de silence où luit, tout au fond, l’eau immobile et fériée du Verbe. » « Qu’est-ce que la poésie ? Une manière de contourner le monde pour voir, derrière, le Monde. »
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2008 – ISBN 978-2-845-90123-0 – 17,5 €