Le Livre de la pauvreté spirituelle

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ou L’Imitation de la vie pauvre de Jésus Christ

Traduit du moyen haut-allemand par un prêtre du diocèse de Strasbourg – Préface de Rémy Vallejo

Les Éditions Arfuyen travaillent depuis de longues années à traduire en français les textes de la mystique rhénane liés à la présence de Maître Eckhart (1260-1328) à Strasbourg durant plus de dix ans, à son disciple strasbourgeois Jean Tauler (1300-1361) et au vaste mouvement, inspiré par eux, des Amis de Dieu, qui trouve son centre de gravité sur Strasbourg, Bâle et la Forêt-Noire.

Mouvement de toute première importance, car l’œuvre et le nom de Maître Eckhart ayant été durablement proscrits du fait de la condamnation de certaines de ses propositions par la bulle pontificale In agro dominico de 1329, c’est exclusivement par les textes de ces « Amis de Dieu » que l’influence de la pensée eckhartienne a pu s’exercer, notamment sur la Réforme luthérienne, sur le Carmel espagnol puis sur l’École française de spiritualité.

De nombreux textes ont été publiés dans ce domaine aux Éditions Arfuyen : textes liés à Eckhart tels que les Légendes de Maître Eckhart (2002), les Dits de Maître Eckhart (2003) et les Dialogues de Maître Eckhart avec sœur Catherine de Strasbourg (2004) ; textes attribués à Tauler tels que les Cantiques spirituels (2002) et le Livre des Amis de Dieu ou les Institutions divines (2011) ; textes attribués à Rulman Merswin et l’Ami de Dieu de l’Oberland, figures majeures des Amis de Dieu (2011) ; enfin le Petit Livre de la Vie Parfaite (ou Theologia deutsch) de l’Anonyme de Francfort (2000).

« Petit chef d’œuvre de la mystique rhénane » selon son préfacier, le frère Rémy Vallejo op, le Livre de la pauvreté spirituelle a une place éminente dans cette démarche éditoriale. Le Livre de la pauvreté spirituelle est un extraordinaire traité de la « nudité intérieure ». La pauvreté d’esprit y est envisagée avant tout dans « l’être nu » de l’âme humaine. Par cette expression, Eckhart exprime non seulement le mystère de la Déité dans son unité essentielle, mais aussi de l’homme intérieur, libre de toute image, forme et détermination. De même, dans le Livre de la pauvreté spirituelle, la pauvreté d’esprit n’est pas une condition de perfection : elle est elle-même la perfection, parce qu’en elle se dévoile l’être de Dieu en son essence.

Selon le prologue du Livre de la pauvreté spirituelle, de la plus pure inspiration eckhartienne, la pauvreté d’esprit consiste à « être semblable à Dieu. Dieu est un être indépendant de toutes les créatures, un être qui tient son essence de lui-même, une force libre, un acte pur. Si donc la pauvreté est une ressemblance avec Dieu, elle aussi ne doit dépendre d’aucune créature, elle doit être une essence séparée de toutes les essences : un être en effet, qui n’est attaché à rien, qui ne dépend de rien est un être séparé de tout. Telle est la vraie pauvreté d’esprit : elle n’est attachée à rien, rien ne lui est attaché. » Pour tout être nu, libre et détaché, la pauvreté d’esprit est ainsi un chemin de liberté, tel qu’il se déploie dans les Béatitudes.

En n’opposant à Dieu nul obstacle – et surtout pas ce quelque chose de sa propre nature –, le pauvre en esprit lui offre de renouveler l’acte créateur quand, au commencement, de rien, il a fait tout advenir. C’est ainsi que « le pauvre d’esprit fait quelque chose de rien» et, participant à l’œuvre divine, participe de la sainteté de Dieu. Au-delà de toute connaissance, cet accueil de Dieu tel qui se dit en Lui-même, en son Verbe, est la véritable naissance de Dieu dans l’âme et de l’âme en Dieu : « Dieu n’engendre son Verbe que dans les âmes qui se sont données entièrement à Lui, qui sont sorties d’elles-mêmes en se renonçant complètement, dans les âmes qui adhèrent à la vérité, non d’après l’apparence, mais d’après l’essence même. »

Coll. Ombre – 2012 – ISBN 978-2-845-90176-6 – 20 €