Le Visage secret

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Précédé de trois lettres inédites d’André du Bouchet

 

André du Bouchet a été le « découvreur » d’Alain Suied en 1968 et les trois lettres inédites ici publiées sont particulièrement émouvantes, témoignant de cette relation privilégiée d’un poète avec son grand aîné.

À Suied alors âgé de 18 ans, André du Bouchet écrit ces mots : « Le poids de l’insignifiant quand il s’éprouve – à en étouffer, comme par instants, tant que nous avons le souffle –, je puis te dire, au loin comme je suis, qu’il concourt aussi à préserver la parole absolument précise qui est dorénavant et de toute façon la tienne » (10 juillet 1970).

Vingt ans après, il le remercie pour ses textes, « d’un impératif irrésistible, exigence de soi-même qui est aussi interpellation de l’époque cruelle et sourde – fidélité de source qui ne surprend pas sur la lancée de ce qui aura précédé, mais, dans sa franchise, tout à fait singulière – je n’ai pas cessé de le penser – dans l’époque ».

L’œuvre de Suied est, en effet, « tout à fait singulière dans l’époque », et on ne commence que maintenant à en mesurer l’ampleur. Lecteur passionné de Paul Celan, Suied a nourri une exigence immense pour son écriture. Portée par sa vaste culture musicale et sa familiarité avec la psychanalyse, elle a retrouvé la possibilité d’une parole simple et forte, qui vient du plus profond et s’adresse à chacun.

Forte d’une trentaine d’ouvrages et de nombreux inédits, son œuvre est considérable. On citera au Mercure de France Le silence (1970) et C’est la langue (1973) ; chez Granit, La lumière de l’origine (1988) et L’être dans la nuit du monde (1991) et chez Arfuyen Ce qui écoute en nous (1993), Le pays perdu (1997), L’éveillée (2004), Laisser partir (2007) et Sur le seuil invisible (2013).

Le visage secret est le dernier manuscrit qui ait été établi par Alain Suied avant sa mort en juillet 2008.

♦♦♦   Lire l’article de Laurent Albarracin

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen –  152 p – 2015 – ISBN 978-2-845-90223-7 – 13 €