Un mouvement de Résistance de 25 jeunes de 14 à 16 ans contre le nazisme (1940-1942)
Présentation par Gérard Pfister – Hommage de Pierre Sudreau – Préface d’Alfred Grosser – Introduction de Marie Brassart-Goerg – Textes de Marcel Weinum, Jean-Jacques Bastian, René Kleinmann, Aimé Martin et Albert Uhlrich
Aucune Résistance n’est plus mal connue que la Résistance alsacienne. Beaucoup ignorent même qu’elle ait existé et cette ignorance témoigne d’une scandaleuse ingratitude. Du fait de l’annexion, l’Alsace fut soumise dès 1940 à une nazification intensive et la Résistance réduite à une situation presque aussi désespérée qu’au-delà du Rhin. Mais, quasi impossible, cette Résistance n’en fut que plus héroïque.
Pierre Sudreau, Président de la Fondation Nationale de la Résistance, et Alfred Grosser, spécialiste des relations franco-allemandes, rendent ici hommage à la figure de Marcel Weinum, admirable de courage et de lucidité.
Un parallèle éclairant est établi entre l’action des la trentaine de jeunes apprentis de La Main Noire et celle des quelques étudiants de La Rose Blanche, que l’admirable film, Sophie Scholl, les derniers jours, a heureusement permis de faire revivre. Il est temps que soit redécouverte également l’action héroïque de la Résistance alsacienne, dont les jeunes de la Main Noire offrent le plus beau symbole.
Le présent ouvrage, le premier sur Marcel Weinum et la Main noire, présente l’ensemble des textes écrits par Weinum, les témoignages de ses compagnons et les documents officiels du procès. Il est complété de nombreux commentaires et notes.
Septembre 1940 : à l’appel d’un garçon de 16 ans, près de trente jeunes âgés de 14 à 16 ans se rassemblent d’enthousiasme pour une grande entreprise. Ces trente-là ont un objectif : combattre Hilter et le nazisme. Un chef : Marcel Weinum. Un nom : La Main Noire. Une organisation structurée. Ils savent se procurer armes, argent, locaux. Propagande, action psychologique, sabotage n’ont pas de secrets pour eux. Ils sont conscients de risquer leur vie. Le premier d’entre eux, l’orphelin polonais Sieradzki, abattu à bout portant en décembre 1941, et Weinum décapité en avril 1942.
Tous fils d’ouvriers : cheminots, traminots, électriciens… Parmi leurs parents aucun dont l’attitude politique ait pu les influencer. D’ailleurs, pour la quasi totalité, ils ne sont pas même au courant des activités de résistance de leurs petits. Quant à ces enfants, ils sont tous eux-mêmes apprentis : futurs boulangers, mécaniciens, dessinateurs… Parmi eux aucun intellectuel. Et à leurs côtés pas un adulte – professeur ou religieux – pour les inspirer ou les conseiller. Une « Croisade des enfants » contre Hitler, à Strasbourg, entre septembre 1940 et avril 1942. Et pourtant : oubliée !
Marcel Weinum est né à Brumath le 5 février 1924. Fils de Robert Weinum, commis-boucher, Marcel suit les cours de l’école de la maîtrise de la Cathédrale, Lors de l’évacuation de Strasbourg, la famille est dirigée vers la Dordogne, puis revient en Alsace en août 1940. Dès le mois de septembre 1940, Weinum constitue un réseau de résistance. Le 8 mai 1941, Weinum et Uhlrich lancent deux grenades à main dans la voiture du Gauleiter Wagner et prennent la fuite.
Le 20 mai 1941, Weinum et son camarade Ceslav Sieradzki partent à bicyclette pour se rendre en Suisse contacter le Consulat britannique. Arrêtés, ils sont transférés à la prison de Mulhouse. Du fait de la trahison d’un codétenu, l’ensemble du réseau est démantelé. Dix d’entre eux comparaissent du 27 au 31 mars 1942 devant le Tribunal Spécial de Strasbourg.
Weinum est condamné à mort et exécuté le 14 avril 1942, à Stuttgart. Son corps a été transféré en 1949 au cimetière du Polygone à Strasbourg. Il a été nommé, à titre posthume, sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), chevalier de la Légion d’honneur, médaille de la Résistance avec rosette et croix de Guerre.
♦♦♦ Voir l’article de Christian Bach
Coll. Les Carnets spirituels – 2007 – ISBN 978-2-845-90109-4 – 19 €