Réconcilier la ville

FAV 5 Darras

« Voici que se projette à nouveau, sur les places publiques de l’Occident toutes livrées aux délices et aux affres du commerce et de l’économie, l’ombre des cathédrales anciennes ressuscitant sous la forme arrondie des mosquées. D’une part la communauté urbaine nous a libérés des charges hiérarchiques anciennes, politiques ou religieuses, d’autre part elle nous obère du poids aliénant de l’argent, usure ou mécénat publicitaire. Comment sortir de cette contradiction, par quelle dialectique de la place publique et de la cathédrale, de l’individualisme nominal et de l’anonymat collectif, avancer ? »

Comme Henri Meschonnic qui a inauguré l’an passé la collection La Faute à Voltaire, Jacques Darras est essayiste et poète. Il a publié de nombreux ouvrages de réflexion où sa vaste culture historique et géographique ainsi que son point de vue de spécialiste de la littérature américaine lui donnent un regard particulier sur les problèmes politiques de l’Europe, de la France et de ses régions.

On ne s’étonnera donc pas que la méditation qu’il offre ici, issue en partie d’une conférence donnée à la Maison de l’architecture en 2016, soit marquée, dans l’esprit de la collection La faute à Voltaire, par une rigoureuse liberté de pensée et de parole.

Deux formes majeures de l’urbanisme, souligne-t-il, sont nées au même en-droit (en Picardie) et en même temps (au XIIIe siècle) : la ville de marché et la ville de cathédrale. Et la ville de cathédrale, on ne le sait pas assez, est née en réaction contre le règne de l’argent qui gangrenait la première.

À nouveau devenues de vastes centres commerciaux, nos villes sont à nouveau malades, et pour les mêmes raisons. Comment sortir de cette schizophrénie des villes modernes ? Comment réconcilier la ville, écartelée entre ses deux dimensions ?

Coll. La faute à Voltaire – 112 p – 2017 – ISBN 978-2-845-90248-0 – 9 €