Regio

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Traduit du polonais et présenté par Claude-Henry du Bord et Christophe Jezewski – BILINGUE 

 

Tadeusz Rozewicz a été distingué par le Prix Européen de Littérature en novembre 2007, prix qui lui a été remis à Strasbourg dans le cadre des troisièmes Rencontres Européennes de Littérature en mars 2008.

Publié pour marquer la remise de ce Prix, le présent ouvrage donne l’intégralité d’un des grands recueils de la maturité de Rozewicz, Regio (1969), ainsi qu’un choix de poèmes extraits d’une dizaine de ses autres recueils.

Dramaturge, nouvelliste, poète, Rozewicz appartient à une génération qui a eu 20 ans dans un pays martyrisé par les nazis et vécu sa maturité sous la dictature communiste. En rupture d’études, ouvrier, il combat dans les rangs de l’armée clandestine, avec son frère Janusz – qui sera exécuté par la Gestapo en 1944. Au lendemain de le guerre, sa conscience de poète est littéralement foudroyée par le poids de l’Histoire : « Comment écrire de la poésie après Auschwitz ? » C’est un homme presque sans voix qui parle, tout au bord de ce silence qui étouffe beaucoup de survivants.

Pour ces temps d’apocalypse, Rozewicz invente une poétique nouvelle : rupture avec le vers classique, abandon de toute métaphore, crudité et rugosité de la langue. Proches de la démarche d’un Paul Celan, ses poèmes sont comme les squelettes de cathédrales calcinées. Véritable révolution dans la poésie polonaise, son œuvre constitue « la négation d’une littérature » qui, souligne Milosz, « semblait n’être rien d’autre qu’un mensonge recouvrant l’horreur de la brutalité de l’homme envers son prochain. »

À partir des années 60, sa poésie s’approfondit encore pour dénoncer la désintégration des liens sociaux dans les sociétés occidentales. Sa sensation aiguë du néant trouve dans le théâtre un puissant moyen d’expression. Saluées par Grotowski et Kantor, des pièces comme Le Fichier influencent profondément leur esthétique.

♦♦♦   Lire l’article de Richard Blin

Coll. Neige – 2008 – ISBN 978-2-845-90117-9 – 18,5 €