Adaptation théâtrale de Lulu Ménasé
Traduit de l’italien et présenté par Alain de Libera – Dessins de Jo Vargas – BILINGUE
« Un petit livre d’amour et de mort, écrit dans sa préface Alain de Libera, l’histoire d’une passion malheureuse, l’annonce d’une oeuvre à venir, urgente et impossible, une halte entre deux abîmes – le deuil et le travail du deuil –, telle est cette Vie Nouvelle, ce funèbre libretto, que Dante ouvre et représente pour nous, lisant en lui-même dans le Livre de la mémoire. Vita Nova : peu de chose, en fait, comme en toute vie. Un enfant de neuf ans, Dante Alighieri, voit une fillette de son âge. Il en tombe amoureux. Elle s’appelle Bice Pontinari, il l’appellera « Béatrice ». Neuf ans plus tard, ils échangent un salut. A leur deuxième rencontre, elle se dérobe. A la troisième, elle se moque. A la quatrième, elle apparaît en compagnie d’une autre femme, sans même s’arrêter. Quelque temps encore, et elle est morte. Que s’est-il passé, au juste ? Rien, sinon du temps. »
La Vita Nova est le premier grand texte de Dante. Texte inclassable où se mêlent prose et poèmes, récits de rêves, de visions et de rencontres, mais aussi méditations spirituelles et philosophiques. « La Vie Nouvelle ne relève d’aucun genre littéraire habituel, précise Libera. Il faut, pour la situer sur l’échiquier, inventer un terme. Nous dirons que c’est un « autocommentaire ». Démarche inouïe à l’âge des authentica, en ce Moyen Âge voué au texte « autorisé », au texte « »d’auteur », c’est-à-dire à la Bible, à Aristote et à quelques-uns de ceux que nous appellerions aujourd’hui des « classiques ». »
La Vita Nova peut se lire comme un roman autobiographique ; c’est aussi le journal d’une intense évolution spirituelle qui mène le poète de l’amour de Béatrice jusqu’au seuil de la contemplation mystique : « Si au moment où il rédige Vita Nova, la « Dame gentille » personnifie déjà pour lui la philosophie, il faut admettre que « Béatrice » n’est elle aussi pour Dante qu’un prête-nom, une personnification de la théologie, et que, loin d’être l’histoire d’un amour doublement contrarié, la Vie Nouvelle est, ultimement, un récit de voyage, un nouvel Itinéraire de l’esprit vers Dieu, vers la vision justement dite béatifique, vers le bonheur de l’au-delà plutôt que la félicité d’ici-bas, qu’elle soit ou non atteignable ou toujours déjà perdue. »
Alain de Libera s’est attaché à rendre au texte de Dante cette extraordinaire intensité, avec le souci que cette nouvelle version puisse faire l’objet d’une mise en scène théâtrale (d’où quelques coupures par rapport au texte original). La Vita Nova traduite par Alain de Libera a été présentée en 1996, dans le cadre du Festival d’Avignon.
Coll. Ivoire – ISBN 2-908-82557-0 – 14,48 €