(1752 – 1803)
Dans une petite ville d’Alsace, une vieille maison, une antique armoire, et là, entre le mur et un rayon, un vieux cahier, dans un étui marqué « F. R. » facilement traduit par «Françoise Rimlin », habitante du « Rimlishof » non loin de Guebwiller. Cette Françoise épousa un Munsch et le cahier la suivit dans la maison Munsch où il resta jusqu’à nos jours.
Ce cahier contient les prières ou les méditations d’un homme, marié, père de famille, qui n’est donc pas F. R. mais sans doute un donateur. L’écriture du cahier en gothique cursif est illisible pour les non-initiés.
Le texte, d’une extraordinaire fraîcheur, nous livre les pensées d’un homme sympathique, aimant la vie, reconnaissant pour tout ce qui lui a été donné. Dans tous ces dons de la nature et de la grâce, il discerne le signe de l’amour du Père céleste. On y trouve la trace d’une véritable conversion, qui l’a fait passer d’une religion de la crainte à une religion de l’amour, à la certitude d’être aimé de Dieu et au désir de lui rendre amour pour amour. Il est assez proche de saint Augustin : « Aime, et ce que tu veux, fais-le» et surtout de : « Tard je t’ai connue, beauté ancienne et si nouvelle ».
Or, peu de temps après la parution de ce livre, un lecteur particulièrement perspicace – que nous tenons à remercier ici – a reconnu dans notre traduction de l’Anonyme de Guebwiller un écrit du Conseiller Karl von Eckartshausen (1752-1803), Gott ist die reinste Liebe (Dieu est l’amour le plus pur). Ce texte est plus ample que celui du manuscrit de Guebwiller. Il comporte de nombreuses prières pour différentes circonstances, mais aussi à Jésus-Christ et à la Vierge. Dès 1791, ce texte a été traduit dans de nombreuses langues, de l’italien et du portugais au russe et au hongrois.
Comment est-il arrivé sous cette forme manuscrite dans la modeste maison de Guebwiller, le question demeure entière. Il faut croire que le donateur du cahier aurait recopié ce texte, peu de temps après sa parution, pour lui-même – afin de mieux le méditer – ou pour une personne aimée – comme un présent de grand prix. Ou bien le mystérieux Eckartshausen se serait-il rendu lui-même à Guebwiller ? Le chose semble également tout à fait possible selon ce que l’on sait de sa vie.
OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN