Il vuoto e le forme
Poèmes choisis et traduits de l’italien par Gérard Pfister – BILINGUE
Le premier recueil de Margherita Gudacci, La sabbia et l’angelo (Le Sable et l’Ange) date de 1946. Le présent recueil date de 1977, l’année de la mort de son mari, Luca Pinna, et ses accents sont ceux d’un adieu.
« Maintenant qu’ils ont cessé de m’agiter au visage / leurs drapeaux, de me crier « En avant », / maintenant que je peux replier l’avenir / et demander silence, // sur le dernier éperon de la vie, regardant / l’eau, en bas, où décline mon jour, / tel l’aiguille d’une balance / n’obéissant qu’à son intime poids, // voici, je déclare ma nostalgie / pour le fond, la nuit humide et tendre, / la perle non encore formée, / les valves closes. »
La fissure intérieure que l’on sentait béante dans Neurosuite ne s’est pas refermée. Le ton est plus paisible, mais la séparation d’avec soi-même et d’avec le monde est plus radicale encore. Le vide aspire les formes, les dévore : « Le vide se défend / Il ne veut pas qu’une forme le torture. »
Mais il y a comme une douceur dans cette annulation. Comme s’il suffisait de se laisser couler. Plus que jamais dans la poésie de Margherita Gudacci, le thème de l’eau est ici présent, dans son ambivalence : à la fois serein et menaçant : « Et je sais que tous les sentiers vont à l’eau – / les visibles comme les occultes / / Tous les lieux, toutes les heures / s’étendent jursqu’au bord de l’eau. »
Coll. Tirés à part – ISBN 3260050148689