
Entretien avec Christine Müller
Extraits d’un article paru dans la revue Élan, juin 2004
Christine Muller : Poésie et études de droit, est-ce un paradoxe ?
Gérard Pfister : Poésie et études de poésie me paraîtrait bien plus paradoxal… Comme si les poètes constituaient une espèce d’humanité à part, une sorte de clergé, qui devrait vivre en marge de la société. Il leur faudrait exister comme de purs esprits — rentier ou diplomate — ou, à défaut travailler dans la petite sphère des lettres, tout autre contact avec le monde profane étant à regarder comme indigne et dégradant. Mais Follain était magistrat et Guillevic inspecteur de l’économie nationale. Mon vieil ami Roger Munier a longtemps travaillé élans les organisations professionnelles de la métallurgie et le cher Nathan Katz était représentant de commerce des aliments Ancel… Il n’est pas de sot métier pour un poète, et la poésie serait une étrange activité s’il fallait toujours qu’elle s’exerce à l’abri des regards, loin du monde et du bruit. Il n’est pas à mon sens de meilleur endroit pour écrire un poème qu’un café ou un tram. Et toute activité professionnelle esl ‘nonne a exercer si, vous nourrissant ainsi que votre famille, elle ne porte pas atteinte à votre liberté de conscience. Le problème étant qu’aujourd’hui la pression exercée sur les salaries tend, de fait, à les aliéner si efficacement que le mot même à’ aliénation, si courant naguère, n’est plus prononcé.
Le droit, les sciences politiques, l’urbanisme, la finance me paraissent une bonne approche pour comprendre la société actuelle, fit il n’est pas inutile que celui qui écrit soit un peu attentif au monde qui l’entoure. Je ne crois pas plus à la poésie pure, sous ses différents avatars, qu’à la poésie engagée. Ou plutôt je crois à un engagement qui prend tout l’être, de sa réalité intérieure la plus profonde jusqu’à son condition sociale ele tous les jours. C’est dans cette conscience-là, vive et ample, qu’il faut parler, car il n’y a que là que la parole ait une chance d’être juste, d’être forte.
C. M. : Des amis poètes ? Les avez-vous publiés ?
G. P. : Bien sûr ! Je vous dirai même que depuis près de trente ans qu’existent les éditions je n’ai publié que des amis. Je ne vois pas bien à quoi servirait de publier les textes de gens qui ne soient pas mes amis. Et mon plus regret à cet égard est de n’être pas l’éditeur de quelques-uns de ceux que j’aime le plus : Chouang Tseu, Marc Aurèle, Montaigne, Nerval, Apollinaire, morts hélas bien avant que je ne puisse les découvrir. Mais d’autres très vieux compagnons, comme Maître Eckhart ou Yunus Emre, j’ai la joie non seulement de les publier mais de les traduire, c’est-à-dire de rester des journées entières à les écouter et à essayer de les faire parler notre langue. On dit que l’amour d’une femme est le meilleur moyen d’apprendre une langue. Il y en a un autre, tout aussi puissant : c’est l’amitié que l’on a avec un auteur. J’apprends le moyen haut allemand avec Maître Lckhart en même temps que je lui apprends le français, et de même pour l’ancien turc avec le cher Yunus.
Quant aux écrivains contemporains, je n’imagine pas d’en publier aucun avec qui je n’ai un tel lien d’amitié. Mais vous avez compris que lorsque je parle ici d’amitié, il s’agit tout à la fois de quelque chose de plus intime et de plus profond qu’une amitié toute personnelle comme sont les autres amitiés. Il s’agit d’un compagnonnage sur un même chemin, de l’entente d’une même voix, de quelque chose, en somme, qui est tout ce qu’un écrivain essaie de trouver dans l’acte d’écrire : une écoute, un partage. J’ai été frappé par cette phrase de Marie de la Trinité à Mère Saint Jean : «J’aime seulement que les deux ailes se provoquent l’une l’autre pour se perdre par leur plus légère pointe dans la Nuée, je ne désire absolument rien d’autre entre vous et moi, cela me pèserait et vous pèserait. » Traduit dans le doux langage de deux religieuses, il y un peu de cela dans l’étrange amitié qui existe entre l’éditeur et l’écrivain. Une étroite connivence, alliée à une respectueuse réserve. Mais je crois comprendre qu’aujourd’hui ce rapport tiendrait bien plutôt d’une relation d’affaires…
C. M. : Blasons du corps limpide de l’instant est celui de vos livres que vous préférez. Pourquoi celui-là ?
Je n’ose dire que je le préfère. Mais peut-être est-ce celui qu’il faudrait lire en premier. « C’est l’instant de vivre. C’est notre instant unique. Si nous n’y trouvons pas la vie, où la chercherons-nous ? » Ce sont les premiers mots du livre, et l’objet de toute sa méditation. Et il me semble que cette plongée dans la vie intime de l’instant, qui est jusqu’à notre dernier jour tout ce que nous aurons eu, est la plus simple et la plus nécessaire tentative de tout homme. Je crois que depuis mon tout premier texte, Faux, publié en revue en 1975, je ne me suis essayé à rien d’autre : « Tous nos papiers sont faux / / nous avançons nus / à la grande frontière / / sans même en mot / pour nous justifier. » Voilà les premiers vers de ce premier texte, paru il y a près de trente ans. Et les derniers vers de mon dernier livre publié à ce jour, Le tout proche, aux éditions Lettres Vives : « Depuis le seul / Le premier jour : / / Déjà / Morts / Déjà vivants. » Trouver les mots qui nous aident à sortir de la fausseté, qui nous permettent de découvrir cette vie qui depuis le premier jour est déjà là en nous, miraculeuse et ordinaire.
Chaque poète n’a, je crois, qu’une seule chose à transmettre. Je devrais dire : qu’une seule note à donner. C’est déjà chose merveilleuse de la trouver et de la faire entendre dans sa justesse. Il ne sert à rien de forcer la voix. Les plus grands sont ceux qui font entendre cette unique note, limpide, déchirante de justesse. Comme celle qu’on entend au détour d’une sonate de Mozart ou d’un lied de Schubert : une seule note, et toute l’œuvre n’est écrite que pour faire entendre cette note-là. Tout le travail de la forme, toujours à reprendre, à réinventer, n’a pas d’autre objet : redécouvrir, dans un autre espace, dans une autre architecture, cette même note, toujours nouvelle, toujours naissante. C’est pourquoi je n’ai cessé, d’un livre à l’autre, d’aborder des modes d’écriture différents : en poésie, le texte narratif (Aventures), minimal (Y), protestataire (Les chiens battus), métaphysique (depuis D’une obscure présence jusqu’à L’oubli), la suite (Le tout proche) ; en prose, le fragment (Fragments de l’Hyrome, Lumière secrète), le dialogue (Naissance de l’invisible).
Par rapport à tous mes autres textes, les Blasons de l’instant représentent une tentative limite, par la forme comme par le propos. Une forme qui allie en un même blason amoureux du corps divin la prose (qui en est la devise) et le poème (qui en est l’écusson). Une structure essentiellement baroque qui, sur ce corps unique, offre quatre-vingt-dix neuf regards, comme autant de vitraux ou de portes disposés autour d’un chœur (neuf séries de onze). Le centième, celui qui donnerait la véritable révélation, face à face, ne pouvant être qu’absent, comme le centième nom d’Allah est à jamais inconnu. Sauf, bien sûr, du chameau, à ce que dit la légende, ce qui le rend si dédaigneux…
C. M. : Quelle impression gardez-vous des grands auteurs que vous avez publiés ?
G. P. : J’ai appris auprès d’eux la ferveur. Cet enthousiasme presque enfantin, cette espérance démesurée qui les anime chaque fois que les reprend le besoin de noter des mots. Comme s’ils tenaient enfin le mot, comme s’ils allaient pouvoir être libérés enfin de leur secret. Je pense à ma chère Margherita Guidacci, habitée vraiment par le poème. À Guillevic, si extraordinairement présent (le titre de son recueil posthume, qui vient de sortir) : aux choses, aux autres, à lui-même. À Alfred Kern, fasciné comme un nouveau-né par les jeux de la lumière sur le Hohneck, essayant jusqu’au bout, douloureusement, d’en saisir la beauté.
Et d’eux j’ai admiré, j’admire le scrupuleux souci de justesse. Quand tout semble s’effriter, se déliter, ce recours presque religieux à la parole, comme si la justesse des mots pouvait nous sauver du chaos et qu’il tenait à l’emploi approprié de tel terme de préserver, dans l’arche du poème, telle infime existence que l’inattention générale aurait laisser sombrer dans l’indifférencié.
Et s’il est, chez eux, une autre chose qui m’inspire le plus profond respect, c’est leur courage. Cette force d’âme de poursuivre d’un bout à l’autre d’une vie, au delà de tout appât financier ou médiatique, ce chemin d’errance et de solitude qu’est l’écriture, simplement parce qu’il le faut, parce qu’ils se sentent appelés dans cette direction, sans aucune assurance cependant d’arriver quelque part. Sans aucune idée même d’aucune destination. Écrire est, en réalité, une maladie. Comme vivre. Il faut seulement espérer que, longtemps encore, l’hygiénisme ambiant n’en viendra pas à bout.
C. M. : Les mystiques n’ont-ils pas été pillés par le courant « New Age » ?
Le « New Age » a eu cela de bon qu’il a porté témoignage qu’il pouvait y avoir encore, à la fin du vingtième siècle une réelle attente spirituelle. Certains ont pu s’étonner que ce phénomène prenne une telle ampleur, ait une telle durée alors qu’il pouvait sembler d’abord si superficiel. Mais n’est-ce pas, tout simplement, que la fin des utopies politiques, d’une part, et l’incapacité des Eglises, d’autre part, à répondre à l’angoisse qui en est résulté ont laissé un vide béant, que rien d’autre ne pouvait combler ?
Il y a pour demain et après-demain en réserve dans les traditions spirituelles occidentales comme orientales d’immenses richesses enfouies et aujourd’hui presque oubliées, et ce courant diffus, à vrai dire extrêmement divers, auquel on donne le nom par commodité le nom de «New Age » a eu le mérite de rendre enfin sensible l’évidence de ce vide sidéral qui est au coeur de nos sociétés : l’union sacrée des apôtres du marketing et des chantres de l’ordre moral pour reléguer dans les bas-fonds de l’obscurantisme les plus nobles découvertes de l’homme sur l’univers et sur lui-même, de Platon à Denys l’Aréopagite, d’Origène à Eckhart et Marie de la Trinité.
L’essentiel est le désir. Et d’un seul coup voici qu’il est réapparu, en même temps que la profonde inculture de notre époque pour tout ce qui concerne l’aventure intérieure. Il en est résulté une consommation désordonnée de textes ésotériques, de recettes de bien-être, de vaticinations exotiques, tout un bazar oriental dont les senteurs un peu fortes font penser à des Bouvard et Pécuchet saisis par la mystique. Mais ce n’étaient là que les premiers tâtonnements. Il me semble que déjà un approfondissement est en train de se faire et que les bases sont jetées pour avancer peu à peu à la redécouverte de nous-mêmes.
C. M. : Quel enseignement délivre la mystique rhénane ?
G. P. : Comment répondre à votre question en deux phrases ? Les Rhénans sont à la croisée de la spiritualité de l’église d’Orient et des remises en cause de la Réforme, à la jonction du Moyen-Age et du monde moderne. Le plus pur de la grande tradition s’y trouve recueillie, mais d’une manière vivante et simple, qui nous parle encore. Eckhart et Tauler n’ont pas de mots assez durs sur les Pfaffen, ces clercs savants et péremptoires qui discourent toujours et jamais ne répondent à nos questions. Il ne manque pas aujourd’hui encore de ces experts et bavards de tout poil… Ceux-là, dit Eckhart, sont des Lesemeister, des maîtres à penser, mais ce sont des Lebemeister, des maîtres à vivre, qu’il nous faut !
Des maîtres à vivre, voilà ce que sont les Rhénans. Avec simplicité et fermeté ils nous ramènent à l’essentiel : « Ce qui est mû de l extérieur, dit Maître Eckhart, ne vit pas. » Seul est vivant ce qui est mû du dedans. Combien de choses extérieures qui sans cesse nous dirigent… Et Eckhart dit encore cette chose très simple : « Le fond de Dieu et le fond de l’âme sont un. » Il y a un quelque chose , une étincelle, un je-ne-sais-quoi tout au fond de nous, par quoi nous sommes en Dieu, par quoi à chaque instant Dieu naît en nous.
De la naissance de Dieu dans l’âme : croyez-vous que, sur d’aussi hautes matières, Maître Eckhart va s’expliquer en latin scolastique, pour être bien sûr de ne se faire comprendre que des seuls spécialistes ? Pas du tout. Il écrit dans la langue du peuple, il parle le plus simplement possible, comme il convient lorsqu’on aborde des sujets élevés : « Le plus noble est ce qu’il y a de plus commun », aime-t-il à dire. Lui, le plus grand philosophe et théologien de son époque, il s’adresse aux moniales et aux béguines de Strasbourg dans leur langue, selon leur sensibilité, et sa parole, reprise à travers une multitude de copies et d’apocryphes, nourrit tout une foule de laïcs, écrasés par les épidémies, les bandes armées et le chaos politique, mais plus que jamais assoiffés de l’essentiel. On les appelle les Amis de Dieu. Les Rhénans ne nous appellent à rien d’autre : être nous aussi, aujourd’hui, amis de Dieu.
C. M. : Comment vous perçoivent les éditeurs parisiens ?
Insituable, je crois. Ailleurs. Là-haut, là-bas. Un éditeur littéraire, qui publie aussi bien François Cheng, Henri Meschonnic, Charles Juliet que Vincent La Soudière, Maximine ou Didier Ayres. Et qui n’hésite pas à faire paraître d’un même souffle le Livre de la Théologie mystique du Pseudo Denys l’Aréopagite ou l’Entretien avec Motovilov de Séraphim de Sarov… Éditeur de littérature et spiritualité, le cas n’est pas si fréquent !
Regardant les choses de l’Alsace concordataire, je suis frappé de voir le blocage qu’exerce aujourd’hui encore sur les esprits la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, et l’exagération de ses conséquences en matière de culture : à savoir l’exclusion du religieux du champ de la littérature scolaire et universitaire, considérée comme nécessairement profane. Imaginez nos musées sans la peinture religieuse, imaginez nos concerts sans Bach ni les chefs-d’œuvre religieux de Mozart : quelle amputation ! Mais personne ne s’étonne que soit exclu a priori du champ de la littérature ce qui devait en constituer une bonne moitié, c’est-à-dire tous les grands textes d’inspiration religieuse, pour ne conserver que les seules oeuvres profanes. Seules exceptions : Pascal, repêché pour son rôle de scientifique et ses polémiques contre les jésuites, Bossuet, conservé uniquement pour ses grands textes officiels, les Oraisons funèbres, et Fénelon, pour son Télémaque aux allures hellénisantes. Bien peu, en somme. Et je me sens aujourd’hui comme ces quelques valeureux musiciens d’il y a vingt ans qui voyaient devant eux tout un continent à redécouvrir : celui de la musique baroque. La grande littérature spirituelle est elle aussi en France un monde à redécouvrir, et dont le plus haut épanouissement, précisément, coïncide largement avec l’époque baroque.
Sans doute peut-il y avoir quelque jalousie des grands éditeurs à me voir agir ainsi avec tant de liberté, publiant ce qu’eux-mêmes aimeraient tant éditer mais à quoi, compte tenu de leurs coûts, ils ont dû renoncer. C’est la chance d’un éditeur bénévole, qui n’a pas de salaires, de locaux ni de charges de structure à payer, de pouvoir publier de tels textes, en littérature ou en spiritualité, qui peuvent n’avoir au début que très peu de lecteurs. Il faut bien que le bénévolat ait quelque part sa récompense ! Elle est plus grande que jamais, me semble-t-il, aujourd’hui où étrangement on a l’impression que tout ce qui fait de plus nécessaire, de l’humanitaire à l’environnemental, est réalisé en marge de l’économie dominante, et souvent même en rupture avec elle.
Mais, au fond, voulez-vous savoir : ce qui m’intéresse avant tout, c’est ce que pensent les lecteurs, et ces premiers lecteurs que sont les libraires. Si Arfuyen existe encore, ce n’est que grâce à eux.
C. M. : Comment conciliez-vous vie de famille et activités multiples ?
G. P. : Cela ressemble un peu à une exploitation agricole. Je m’occupe de la production et mon épouse de la gestion. Chacun sait que rien ne se fait que par les femmes, et il en va de même dans l’édition. Les enfants sont patients, un peu médusés par tout ce monde qu’ils voient à la maison. Il leur arrive de donner un coup de main, et on peut toujours rêver que plus tard…
Il y aussi heureusement les amis, quelques-uns présents depuis l’origine — PhilippeDelarbre, Marie-Hélène et William English, Alain Gouvret – d’autres plus récents.^ C’est grâce à eux que nous trouvons le courage de continuer contre vents et marées. Car est-il un plus beau défi que de faire grandir ce qui n’était à l’origine qu’un rêve d’étudiant et que cela devienne l’aventure d’une vie.
Pour le reste, bien des agriculteurs aussi ont aujourd’hui, à côté de leur exploitation, une autre activité professionnelle qui leur permet de tenir le coup. J’ai les mêmes problèmes. Certaines semaines sont un peu longues. Mille fois, j’ai juré de ralentir ou d’arrêter. Mais peut-on décider de tirer un trait sur tant d’années, d’abandonner tant d’amis, de prendre sa retraite de l’essentiel ?
C. M. : De nouveaux projets éditoriaux ?
G. P. : Les colonnes d’Élan n’y suffiraient pas. Les projets m’épuisent, et ne cessent en même temps de relancer mon enthousiasme. Le livre à venir est toujours le plus beau. Cet automne, deux livres paraissent en littérature : une méditation de Roger Munier sur l’homme, sous forme d’un commentaire de la phrase de la Genèse «Adam, où es-tu ? ». Le titre : Adam. Mais aussi un ensemble de textes de William Blake qui constituent en quelque sorte sa réécriture personnelle de la Bible : Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, suivi de L’Evangile éternel Un ouvrage bilingue dont l’équivalent n’existe pas même en anglais.
Dans le domaine spirituel, la première parution en recueil de ce qui est sans doute le plus beau poème mystique de langue française : le Cantique spirituel de Nicolas Barré (1621-1686). Ce texte sera cet automne la pièce maîtresse d’un récital de poésie mystique par Marie-Christine Barrault : Eckhart-Jean de la Croix-Nicolas Barré. Egalement liée à une représentation théâtrale, la publication de Paule dite Marie, une femme cachée, une adaptation que j’ai réalisée d’après la vie et l’œuvre de Marie de la Trinité (1903-1980). Elle sera présentée par le Théâtre de l’Arc-en-Ciel à l’Espace Bernanos, à Paris.
Toujours dans le domaine spirituel, cet automne, deux ouvrages pour marquer les 400 ans de la création du Carmel en France : la première édition des Ecrits spirituels de Madame Acarie (1566-1618), sa fondatrice, et une traduction accompagnée d’un lumineux commentaire par Dominique Poirot des Romances de Jean de la Croix. Enfin, toujours en ces deux mois de septembre et octobre, une délicieuse relation par le P. Arnaud Boyre de la courte vie d’Agnès de Langeac (1602-1634), petite dentellière du Velay dont la joyeuse innocence et la liberté d’allure sont une source inépuisable de charmants fioretti. Toute ignorante qu’elle fût, sa parole me semble aujourd’hui plus vive et plus riche de poésie que bien des livres, et je me réjouis avec elle comme un ami de ce joli petit caillou jeté, à quelques siècles de distance, dans le jardin des doctes.