
Après Jours (2019) qui récapitulait 50 ans de poésie, Terres marque un nouvel aboutissement où l’enfance libanaise et l’amour perdu apparaissent dans une lumière plus vive encore.
En 1970, René Char écrit à Marwan Hoss : « Il m’est agréable de vous écrire combien vos poèmes me trouvent, me découvrent peut-être aussi à moi-même, à l’âge des sombres chagrins. » Et un mois plus tard : « Sur la ligne de l’horizon où vous m’êtes apparu, je ne vous confonds avec aucun autre. »
En 2019 a paru Jours, un recueil de 248 pages réunissant l’ensemble des textes de Marwan Hoss écrits depuis 1969. Terres rassemble les poèmes écrits depuis lors. On y retrouve la tonalité unique qui marque cette poésie, à la confluence de Char et de Schéhadé : étrange et grave, ascétique et sensuelle, brûlante et raffinée.
« Dans l’aube froide / les sarcelles de mon enfance / prennent leur premier envol / Les chasseurs tirent et font / saigner leurs cœurs / Derrière les roseaux / se cachent les oiseaux blessés ». Même lorsqu’il s’agit de l’enfance, la menace est toujours présente. Toujours se font sentir « les fusils / au loin ». Et l’amour lui-même parachève cette violence : « Le désir a fait trembler / mon enfance // Le feu de ton regard / l’a incendié »
Les poèmes sont le seul lieu possible d’une réconciliation : « Mes poèmes ressuscitent / ma mémoire » On y peut reprendre souffle : « Sur la feuille respirent / les mots ». Méfiance cependant : les mots, comme l’amour, peuvent vite se retourner. Parfois, « les mots se révoltent / ils traquent les poètes / dans les jardins de la ville » Même avec les mots la paix est fragile. Le poète vit « en état d’alerte ».
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 96 pages – ISBN 978-2-845-90357-9 – 13 €