Jules-Géraud, CARDINAL SALIÈGE

SALIEGE

(1870 – 1956)

 

Jules-Géraud Saliège est né à Mauriac (Cantal) le 24 février 1870. À 12 ans, il entre au Petit Séminaire de Pleaux, puis en 1889, au Grand Séminaire d’Issy-les-Moulineaux. Ordonné prêtre en 1895, il devient à son tour professeur au Petit Séminaire de Pleaux, puis, en 1907, supérieur du Grand Séminaire de Saint-Flour.

Mobilisé le 5 août 1914, il est infirmier militaire puis aumônier volontaire sur l’un des fronts les plus meurtriers de la Grande Guerre. Saliège reprend ses fonctions à Saint-Flour. Nommé évêque de Gap en 1925, il y rencontre Jean Guitton, son futur biographe.

Grand lecteur de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix, il garde une particulière affection pour l’oraison carmélitaine.

En 1928, il est nommé à l’archevêché de Toulouse. Masi, dès novembre 1932, il est frappé d’une paralysie du bulbe rachidien qui gagnera progressivement tout son corps, le privant de l’usage de la parole. Est-ce cette infirmité qui rendra dès lors l’archevêque plus proche encore des exclus ? Comme c’est par le bègue Moïse que passa la parole de Dieu, c’est par la bouche de cet homme handicapé que s’exprime, en des temps d’extraordinaires calamités, le message de la dignité de la personne humaine.

Quelques mois après, dès le 12 avril 1933, Saliège condamne l’antisémitisme hitlérien lors d’une une réunion publique à Toulouse : « Non seulement je me sens frappé par les coups qui tombent sur les persécutés, mais encore mes tressaillements sont d’autant plus douloureux que se trouve méconnu et bafoué, non pas un idéal confus, une idée froide et abstraite, mais cet être vivant, personnel, dont le souffle a traversé et porte toute l’histoire d’Israël : Jéhovah, celui que j’appelle le bon Dieu, le Juste par excellence. […] Comment voulez-vous que je ne me sente pas lié à Israël comme la branche au tronc qui l’a porté !… »

Le 23 août 1942, Saliège fait lire dans toutes les églises de son diocèse une lettre pastorale qui restera célèbre pour son courage et sa lucidité : « Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On ne peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer. Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle. »

Il y a aussi l’action, permanente, multiforme – en faveur des réfugiés espagnols, des étudiants polonais, des Juifs, de tous ceux dont la dignité est bafouée, y compris les prisonniers allemands.

Après la guerre, il soutient l’action de Schuman pour la réconciliation européenne. À la Libération, le général de Gaulle le fait Compagnon de la Libération par décret du 7 août 1945. En 1946, le nonce apostolique, Mgr Roncalli, futur Jean XXIII, lui remet les insignes de cardinal.

Il meurt le 5 novembre 1956. Ses funérailles sont solennelles. « Il y eut ce matin-là, écrit Jean Guitton, un de ces moments, désormais bien rares dans la vie des nations, où l’union des esprits se refait autour d’un homme. » Il repose dans la cathédrale de Toulouse.

En 1969, il reçoit à titre posthume le diplôme de « Juste parmi les Nations » décerné par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem.

OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN

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