SHANKARA

SHANKARA

(788 – 820)

C’est dans une époque de conflits et de confusion extrêmes que Shankara naît en Inde. Les seuls récits qui nous restent de sa vie s’apparentent à des légendes. Shankara serait né dans le Kerala en 788 ap. J.-C.. À huit ans déjà, il achève l’ensemble de sa formation. Sa mère remarque la religiosité de son fils, mais souhaite le marier. Une légende raconte comment, sauvé de la gueule d’un crocodile, il put malgré tout lui faire accepter sa vocation.

Arrivé sur les bords de la rivière Narmada, il trouva son maître, Govinda, qui vivait dans une grotte, servi par des érudits et des hommes éclairés qui l’avaient adopté pour guide. Vite convaincu de la grandeur de son jeune disciple, Govinda lui demanda de se rendre à Bénarès et d’y exposer le sens profond des textes fondateurs.

Ce fut là que Shankara rencontra son premier disciple, suivi de bien d’autres. Parmi eux, Divakara aurait amené son fils muet à Shankara pour qu’il lui rende la parole. Shankara demanda au garçon : « Qui es-tu ? » Celui-ci lui répondit par une suite de versets ponctués par : « Je suis le Soi dont la nature est la conscience éternelle. »

Shankara se rendit dans l’Himalaya, pour y rencontrer le sage Vasya et recevoir sa bénédiction. Il retourna ensuite à Bénarès où il composa ses bhasya ainsi que des textes indépendants. Une des écoles de pensée dont Shankara voulait exposer les faiblesses était celle du Mimamsa. Mandana en était un adepte intransigeant, aussi versé dans les Veda que dans l’argumentation. Le débat entre Shankara et Mandana est l’un des épisodes les plus fascinants dans la vie de Shankara.

Shankara fit plusieurs fois le tour de l’Inde. Partout où il allait, les gens étaient inspirés. Il eut à surmonter des oppositions, mais il agit par la persuasion, avec un bon sens bienveillant et grâce à la force de l’expérience ultime qui était sienne. À une époque où l’orthodoxie n’avait rien de mieux à offrir qu’un ritualisme dépassé et stérile, Shankara retrouva les hauteurs de la philosophie des Upanishad.

Shankara chercha à établir non seulement la non-dualité de Brahman [brahmadvaïta] mais aussi la non-différence ultime des systèmes [darsanadvaïta]. En cela, il ne fit que suivre l’enseignement fondamental des Veda qui proclament que « la réalité est Une et indivisible » et s’empressent d’ajouter : « Ceux qui savent la nomment de différentes manières. »

Tout comme la philosophie, la religion bénéficia des enseignements de Shankara. Il désirait conserver ces croyances dans leur pureté comme autant de manières différentes d’approcher Dieu. Pour lui, Dieu n’est « ni un non-sens ni une concession aux masses ». Il est une étape nécessaire dans la réalisation de l’Advaïta.

OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN

Les Mille Enseignements