Éthiopiques et autres nouvelles

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Traduit du slovène par Andrée Lück-Gaye – Préface de Jaroslav Skrušný

Après Antonio Gamoneda (Espagne, 2005), Bo Carpelan (Finlande, 2006), Tadeusz Rozewicz (Pologne, 2007) et Tankred Dorst (Allemagne, 2008), Kiki Dimoula (Grèce, 2009) et Tony Harrison (Grande-Bretagne, 2010), c’est Drago Jancar (Slovénie) qui a reçu le Prix Européen de Littérature 2011, pour l’ensemble de son œuvre., sans aucun doute la plus importante de la Slovénie d’aujourd’hui.

Cette distinction intervient  à l’occasion du 20e anniversaire de l’indépendance de la Slovénie (1991), à laquelle il a activement contribué.

La remise du Prix Européen de Littérature a eu lieu à l’Hôtel de Ville de Strasbourg en mars 2012 dans le cadre des 7es Rencontres Européennes de Littérature. À cette occasion un ensemble de manifestations ont été organisées en l’honneur de Jancar, de la littérature de langue slovène, et particulièrement du grand écrivain de Trieste Boris Pahor, auteur de Pèlerin parmi les ombres, né en 1913 et survivant des camps du Struthof (Alsace), Dachau, Dora et Bergen Belsen.

Traduit dans plus de vingt langues, Jancar est aussi réputé pour ses romans et ses nouvelles que pour son théâtre. Il a aussi publié des essais parmi lesquels L’âme de l’Europe (2006). Plusieurs de ses textes ont été traduits en français : L’Élève de Joyce, nouvelles (L’Esprit des Péninsules, 2003) ; Nouvelles slovènes (Autres Temps, 1996) ; La Grande valse brillante, théâtre (l’Espace d’un instant, 2007) ; Aurore boréale, roman, (L’Esprit des Péninsules, 2005) ; Katarina, le paon et le jésuite, roman (Passage du Nord-Ouest, 2009) ; Des bruits dans la tête, roman (Passage du Nord-Ouest, 2011).

« Sismologue d’une histoire chaotique », il analyse avec la même lucidité les stigmates de la période communiste que les dérives de la société capitaliste. Dans son roman Désir moqueur, publié en 1996, il montre comment son personnage, Gregor Gradnik, un enseignant slovène qu’il accompagne en voyage d’études aux États-Unis, se révèle incapable, malgré tous ses efforts, de s’adapter à la culture américaine. Cet échec symbolise celui de la réunification du monde après la chute du Rideau de fer, qui s’est réalisée au niveau des institutions en laissant les peuples de côté.

Partant d’une analyse très critique du monde contemporain, Jancar choisit le plus souvent pour personnages des êtres marginalisés et écrasés par la société et pour lieux des espaces clos tels que prisons, casernes ou hôpitaux psychiatriques. Face à ces situations dramatiques, Jancar se garde pourtant de verser dans une attitude de compassion ou de protestation.

Bien au contraire, la distance et l’ironie constituent la marque de son style : « Jancar écrit des histoires puissantes et complexes avec une assurance dépourvue de toute ostentation. Il possède une sobriété qui, par comparaison, fait paraître vains les artifices d’écrivains prétendument modernes » (Times Literary Supplement, avril 2007).

Le présent ouvrage rassemble six nouvelles inédites en français : Éthiopiques, la répétition – Prophétie – Mesures pour développer la puissance créatrice de l’homme – Les deux rêveurs – Son ange ne l’a pas abandonné – L’homme qui regardait dans le gouffre.

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2012 – ISBN 978-2-845-90168-1 – 13 €