Infiniment à venir

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suivi du discours de Strasbourg,  Pour le poème et par le poème

Après Puisque je suis ce buisson (2001), Tout entier visage (2005), Et la terre coule (2006), De monde en monde (2009), Demain dessus demain dessous (2010), L’obscur travaille (2012), Infiniment à venir est le septième livre de poèmes d’Henri Meschonnic que publient les Éditions Arfuyen.

Arfuyen a également publié l’an dernier dans la collection « La faute à Voltaire » l’essai lumineux de Meschonnic intitulé Le sacré, le divin, le religieux. Un texte qui touche au nœud des problèmes actuels. Car la pensée de Meschonnic sait relier les choses apparemment les plus éloignées : « C’est le rythme qui mène le langage, le continu de tous les rythmes […] Le rôle de la poétique est de le montrer, n’en déplaise aux dévots qui ne mesurent pas leur propre idolâtrie à sacraliser ces textes ou la langue, ce qui ne montre rien d’autre que la confusion intéressée du sacré, du divin et du religieux au profit du religieux. »

Ne pas sacraliser les textes : s’engager « pour le poème », c’est s’engager pour un langage du corps : « Le poème est ce qu’un corps fait au langage. » C’est donc un engagement éthique : « La notion même de poème se transforme, elle passe d’une notion traditionnelle, esthétique, formelle à une notion éthique, celle d’une éthique et d’une poétique de la pensée.» Pour le poème et par le poème est le discours qu’a prononcé Henri Meschonnic à l’université de Strasbourg lorsque lui a été remis en mars 2006 le prix Jean Arp de Littérature Francophone. Il y donne une synthèse éblouissante de sa pensée du langage et de la poésie.

Écrits au même moment que le discours, les poèmes d’Infiniment à venir sont nés de la découverte de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne, dans la Somme. Dans la salle centrale, Meschonnic voit des visages : « On marche sur des mots morts / de terre en terre il y en a / qui affleurent / on leur élève / un monument / on se serre / pour y tenir / ce qui reste / de la parole ». Donner vie aux mots, donner rythme à la pensée, tel est le rôle du poème : « C’est nous / que nous venons / voir au musée / sous toutes ces apparences / des parts / de nous / l’absent c’est nous / nous le monstre ».

♦♦♦   Lire l’article de Lucien Wasselin

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2017 – ISBN 978-2-845-90246-6 – 11 €