Tracé du vivant

CA 229 Bancquart

L’œuvre poétique de Marie-Claire Bancquart est sans doute une des plus considérables de notre époque. Avec Andrée Chedid (1920-2011) et Anise Koltz (dont une anthologie vient de paraître dans la collection Poésie/Gallimard), elle est une des grandes voix féminines de la poésie francophone.

Si la voix d’Anise Koltz est marquée par la concision de la forme et une vision métaphysique, l’écriture de Marie-Claire Bancquart se caractérise par le refus de l’emphase et de tout « arrière-monde ». Chez les deux femmes, l’expérience de la souffrance est fondatrice.

Chez Marie-Claire Bancquart, c’est celle d’un corps qui depuis l’enfance l’a tenue recluse et empêchée. De l’âge de 5 à 9 ans, elle a vécu enfermée dans un hôpital, le corps plâtré de la poitrine au pied gauche et au genou droit. À la bibliothèque de l’hôpital, elle emprunte tous les livres qu’elle peut trouver. « De temps à autre, se souvient-elle, on me donnait une feuille d’arbre, une fleur – une fois, un petit chat à caresser –, et je les sentais comme vivants d’une existence pareille à la mienne. Ils m’ont donné un élément fondamental de ma poésie. »

Une poésie de combat contre le désespoir et le renoncement : accrochée aux réalités les plus simples, avec une farouche volonté de vivre et une terrible lucidité sur la fragilité de notre condition. Nombre de ses titres s’éclairent ainsi : depuis le Mais initial (1969), Mémoire d’abolie (1978), Avec la mort, quartier d’orange entre les dents (2005), Violente vie (2012), jusqu’à ce Tracé du vivant.

Tracé comme celui d’un électrocardiogramme, d’une gravure rupestre ou d’une ligne musicale. Car la musique est toujours intensément présente dans la vie de l’écrivain. Le compositeur Alain Bancquart, a composé deux œuvres sur des textes du présent recueil : Au grand lit du monde, pour récitante et flûte et Le cri peut être tendre, aussi, pour récitante et piano. Leur enregistrement a été publié dans la collection Inactuelles (Tschann, 2015). Un extrait de la partition illustre la couverture du livre.

♦♦♦   Lire l’article de Didier Ayres

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen –  96 pages – 2016 – ISBN 9782845902350 – 11 €