La langue oubliée

CA 235 Suied

Suites hébraïques

Préface de Catherine Chalier

 

L’œuvre d’Alain Suied est, selon l’expression d’André du Bouchet, « tout à fait singulière dans l’époque », et on ne commence que maintenant à en mesurer l’ampleur. Lecteur passionné de Paul Celan, il a nourri pour son écriture une exigence sans limites. La Langue oubliée est la seule suite de textes d’Alain Suied qui soit entièrement consacrée au judaïsme, source qui irrigue pourtant l’ensemble de ses livres.

Alain Suied a été découvert à l’âge de seize ans par André du Bouchet en 1968 qui l’a publié dans la prestigieuse revue L’Éphémère puis au Mercure de France. L’écriture d’Alain Suied, portée par sa vaste culture musicale et sa familiarité avec la psychanalyse a retrouvé la possibilité d’une parole simple et forte, qui parle à chacun.

Publiée au Mercure de France puis chez Granit, son œuvre se trouve pour l’essentiel aux éditions Arfuyen : Le corps parle (1989), Face au mur de la Loi (1991), Ce qui écoute en nous (1993), Le premier regard (1995), Le pays perdu (1997), L’Ouvert, l’Imprononçable (1998), L’Éveillée (2004), Laisser partir (2007), Sur le seuil invisible (2013) et Le visage secret (2015).

Catherine Chalier, qui fut proche d’Emmanuel Lévinas et qui connaît admirablement la tradition juive, nous livre ici sa lecture de ces trois « suites hébraïques » écrites par Suied en référence directe à la source judaïque qui irrigue son œuvre. « Le poète, écrit-elle, invite à repenser les différents vocables qu’il cite à l’aune de sa propre inspiration, de sa liberté et aussi de son destin. »

Écoutons les mots qui concluent ces suites et qui donnent aussi son titre au recueil : «Corps ancré dans le réel ! / Tu vois avant nous. / Tu sais avant nous / le noir instant fatal. / Et soudain tu nous parles / dans la langue oubliée. »

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 120 p – 2018 – ISBN 978-2-845-90264-0 – 13 €