Et même le versant nord

CA 236 Dhainaut

Après Prières errantes (1990), Fragments et louanges (1993), Introduction au large (2001), Entrées en échanges (2005), Levées d’empreintes (2008), Plus loin dans l’inachevé (2010) et Rudiments de lumière (2013), c’est ici le huitième recueil de Pierre Dhainaut que publient les Éditions Arfuyen, témoignage d’une profonde affinité et d’une relation privilégiée.

L’œuvre de Pierre Dhainaut ne ressemble à nulle autre : elle a une voix, un rythme, un paysage qui la fait immédiatement reconnaître, comme on reconnaît un poème de Char, Du Bouchet ou Jaccottet. Chez Dhainaut la poésie ne se contente pas d’être poésie : elle s’ouvre et nous ouvre à tout l’univers. En cela fidèle au modèle de ce poète qu’il n’a cessé de lire et de méditer : ce Victor Hugo dont il vient de recueillir dans la collection « Ainsi parlait » les dits et maximes de vie.

Forte de quelque 40 ouvrages publiés depuis près de 50 ans, l’œuvre de Pierre Dhainaut, inaugurée avec Le poème commencé (Mercure de France, 1969) apparaît aujourd’hui comme l’une des œuvres majeures de la poésie française contemporaine. En témoignent le colloque lui a été consacré à la Sorbonne en 2007, la monographie qui a paru sur son œuvre en 2008 (Éd. des Vanneaux), le Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres et le Prix Apollinaire qui lui ont été attribués en 2013 et 2016.

Bien plus qu’une œuvre littéraire, la poésie de Pierre Dhainaut est une leçon de vie. Mais une leçon dépourvue certes de toute arrogance, car il s’agit précisément d’apprendre l’écoute de la nature, le dialogue avec l’autre, l’attention aux mots : « On reproche aux poèmes, écrit Dhainaut, de n’être que des refuges idylliques, des mensonges. Les poèmes ne se résument pas à leurs sujets immédiatement perceptibles : en parlant des arbres, des plages, des enfants, de quoi d’autre parlent-ils, toujours autre ? Ils ont mieux à faire qu’à dénoncer avec violence une actualité violente. Ils nous invitent à réinventer ce qui nous fait le plus souvent défaut, l’attention, l’écoute. »

Une poésie aussi éloigné d’un académisme qui met toute sa complaisance dans ses propres productions que d’un mysticisme qui s’égare dans les rêveries d’arrière-mondes; une poésie solidement établie ans le paysage, mais en éprouvant avec acuité ce qu’il a de mouvant. Paysage d’eaux, de nuages et de vents, auxquels le poème fait indéfiniment écho.

♦♦♦    Lire les articles de Sabine Dewulf et Nelly Carnet

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 88 p – 2018 –  ISBN 978-2-845-90269-5 – 11€