Sur « Et même le versant nord »

TEMPOREL

La lecture de Nelly Carnet

Extraits d’un article sur Et même le versant nord de Pierre Dhainaut publié dans la revue Temporel

Il peut arriver que l’on commence la lecture d’un livre par la fin. C’est le conseil que l’on donnera au lecteur du recueil de Pierre Dhainaut, une prose de quelques pages qui s’intitule avec humour « prélèvement à la source ». […]

Elles situent le texte poétique dans l’éveil et la vivacité. La figure même de l’enfant, double identité du poète, revient tout au long du recueil.

Dhainaut préfère au terme création celui de « parturition » : mise au monde pour un «matin » dans la joie de l’écriture qui favorise « l’attention » et « l’écoute ». Le texte idéalement offert serait celui sans auteur et sans titre.

Qu’importe en effet le nom puisque la qualité ne se détermine pas au coût de l’objet art ou à la renommée gagnée parfois plus au moins honnêtement, mais est au contraire fonction de la seule possibilité que cet objet tienne tout seul debout grâce à sa puissance d’expression juste et la forme originale qu’on lui a donné. […]

Le recueil suggère souvent une philosophie de l’être et de sa manière d’être présent au monde et s’avère moins travail poétique à proprement parler avec animation des images et des sons. Le sens semble en effet prévaloir.

Face au « chaos » et à l’asphyxie provoquée par l’« au-dehors », l’attention et l’écriture favorisent la juste respiration. L’orientation philosophique vient aussi s’exprimer dans quelque histoire racontée dans le texte intitulé « À tout âge le paradis ».

L’écriture semble plus souvent venir de la nuit que de la lumière, en tous les cas à ses débuts. La lumière n’émerge que lorsque l’obscurité a été creusée. Pour le coutumier de la mer et de ses marées, la phrase est une ligne d’horizon, un « rivage à marée montante » qui se confond avec le silence de la révélation, celui qui favorise l’expression de l’être-là des humains et des choses accompagnés du « sens de la merveille ».

La poésie est un idéal de la langue. Son point d’incandescence est sans cesse recherché par celui qui écrit.