Tavipalatsi
Postface de Bo Carpelan – Traduit du finnois par Mirja Bolgar et Lucie Guillevic – BILINGUE
Paavo Haavikko a reçu en 1984 le grand prix international Neustadt. Ainsi était consacré la place éminente de cet écrivain hors du commun dans la littérature finlandaise contemporaine.
Présentant Haavikko au Jury de ce prix, Bo Carpelan écrivait ceci : « Haavikko crée une forme de scepticisme extrême, ou plutôt un relativisme du concret. Son pessimisme n’est jamais cynique ; son humour, pas toujours perceptible, est pourtant aussi essentiel que la clarté de sa vision. L’inconstance des sentiments, les dures conditions faites à une vie fragile, les peurs cachées et le désir inavoué du pouvoir sont écrits en un style proche de la langue parlée. »
Carpelan cite un entretien de Haavikko paru dans Livres de Finlande (1977) : « Je pense que le plus important pour un poème est de ne pas l’écrire : gardez-le dans votre tête, là où il peut vivre et s’épanouir… (…) Je tâche de mettre les choses en langue parlée : je les essaie et j’écoute jusqu’à ce qu’elles sonnent vraiment comme la parole, comme quelqu’un qui parle. (…) Je ne m’intéresse pas beaucoup au langage en tant que tel. Ce qui m’intéresse, c’est son pouvoir d’usurper la réalité. Qu’est-ce que le langage, en définitive ? Un ensemble de symboles ; et ces symboles sont perçus comme réalité. »
Le long poème en neuf mouvements ici présenté est certainement parmi cette oeuvre abondante et originale le texte qui a le plus contribué à sa renommée et aussi l’un des plus déroutants.
« Et qui n’est pas seul et qui n’est pas un monde // Je veux taire tout ce qui fait la langue // Je veux retourner la d’où je viens. » (Le Palais d’hiver).
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 1996 – ISBN 978-2-903-94139-0 – 7,62 €