Le pays perdu est le cinquième texte d’Alain Suied que publient les Éditions Arfuyen, après Le corps parle (1989), Face au mur de la Loi (1991), Ce qui écoute en nous (1993) et Le premier regard (1995).
Le livre comprend deux parties : Sommes-nous au monde ? et Transparence du mystère. «La trace du regard / nous mènerait / jusqu’au pays perdu. / Il suffirait / de laisser vibrer le manque en nous / pour retrouver les formes / les contours, la chair / de la vision / sur l’autre rive / du néant. » Ainsi commence la première partie du recueil.
Sommes-nous au monde ? Non, nous ne sommes pas au monde, la naissance est toujours à venir. Et ce qui est à venir est ce qui déjà est venu et dont nous ne nous souvenons plus. La terre promise est le pays perdu.
Comment naître enfin ? Comment trouver le chemin de ce pays ? Nous le connaissons tous, c’est seulement le courage qui nous manque pour nous y lancer. «Cette blessure ouverte / comme une naissance / au fond de nous / il faudra oser la fixer / comme l’ange / nous foudroie avant / de frapper nos chevilles / tendues / vers son regard de flammes. »
Tel est « l’objet du poème » pour reprendre le titre du texte paru à la suite d’un précédent recueil : oser être attentif à ce qui écoute en nous. Vivre est à ce prix. Et qu’aurons-nous atteint alors ? « Voilà que tu atteins le pays perdu. / Voilà, tu as bondi / et ton pas résonne sur l’autre rive. / / (…) Tu as plongé / dans la transparence du mystère / tu as traversé / le cristal de l’esprit / et tu frappes à la porte // de la Loi. // Rien n’a changé / sinon la couleur de l’absence. »
♦♦♦ Lire l’article de Françoise Han
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – ISBN 978-2-908-82558-9 – 10,67 €