Göl saatleri, suivi de Dans un champ de fin d’hiver
Traduit du turc par M. E. Tataragasi et Gérard Pfister – Image de couverture de Abidine – BILINGUE
« Ciel vert, terre jaune, branches de corail / Les oiseaux plongés dans le souvenir : Dans ce monde qui s’éteint, s’assombrit / Seul nous est resté le plaisir de la mémoire » (Les oiseaux du lac).
Il faut lire le portrait que donne le peintre Abidine Dino de Ahmet Hachim dans ses dernières années : « Tout près de l’hôtel Tokatlryan, il est attablé avec quelques buveurs de raki dans un excellent restaurant italien qui s’appelle Degustasyon. Le visage de Hachim est creusé par des rides profondes, on dirait des balafres. Son perpétuel sourire oblique (c’est peut-être une grimace), est complété par des yeux clairs, indifférents » (Europe, novembre 1983).
Portrait étrange, tout en contrastes. Sa stature massive ne semble pas en accord avec la délicatesse raffinée de ses poèmes. La place éminente qu’il occupe dans le renouveau de la littérature de son pays n’est-elle pas, elle aussi, étonnante si l’on pense que, né à Bagdad, sa première langue ne fut pas le turc ?
En 1924, peu de temps après la publication de Göl saatleri (Les heures du lac), Hachim se rend à Paris et publie, au mois d’août, dans le Mercure de France un long article, écrit directement en français, intitulé Les tendances actuelles de la littérature turque dans lequel Hachim dépeint l’ambiance intellectuelle et sociale de son pays et définit la signification de son oeuvre dans ce cadre : « Tout se cherche, écrit-il : l’homme, la femme et l’enfant, l’intellectuel comme l’ouvrier, le romancier comme le poète. »
Homme tout en contrastes, il se voyait lui-même comme le plus étrange des poètes. Son oeuvre, qui ne comporte que quelques brefs recueils, n’est pas sans évoquer, par son extrême raffinement et sa tonalité contemplative, la grande poésie chinoise.
On trouvera ici la première publication en français des poèmes de Ahmed Hachim : vingt-quatre poèmes en édition bilingue choisis et traduits du turc par M. E. Tataragasi et Gérard Pfister.
Signalons que des poèmes de Ahmet Hachim ont été présentés dans Entre les murailles et la mer (Maspéro, 1982) dans une traduction de Michèle Aquien, Guzine Dino et Pierre Chuvin ainsi que dans le numéro spécial de la revue Europe « Littérature de Turquie » (n° 655-656, novembre-décembre 1983) dans une traduction de Gérard Pfister.
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – ISBN 978-2-903-94142-0 – 7,62 €