L’ombre la neige

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Lettre-postface de Christian Bobin

« Elle parle juste après le silence / Comme après la mort on se tait longtemps / Et puis vous revient la douceur d’un chant / Qui vous fait ici prendre patience »

Comment se serait-on pas immédiatement touché par cette voix, venue d’on ne sait où, qui chante et tremble tout à la fois. Cette voix qui porte tout à la fois la fraîcheur de l’instant et la profondeur insondable du temps.

Voix de l’émerveillement enfantin, et de la terrible découverte de la séparation. Tout ensemble. Tout cela pris dans le filet indémaillable du poème, animé d’un rythme, d’une mélodie, qui le font descendre d’emblée dans le cœur et le corps tout entier : « Elle parle juste avant la parole / – Celle que l’on perd devenant le bruit – / Celle que l’on tue devenant le cri / Elle est devenue chant qui la console »

Poèmes dansants, souffrants, qui sont l’âme de ce flamenco si cher à Maximine. Poèmes qui semblent ne pouvoir mourir jamais, ressuscitant sans cesse de leur propre épuisement, avec cet air de candide défi de l’enfant, le regard de fier désespoir de celle qui dansera toute la nuit.

« Elle parle juste et n’a rien de plus / À dire que ça ce moyen de vivre / Et qu’il faut beaucoup d’amour pour la suivre / Aux bords d’un royaume où la mort s’est tue »

Maximine est l’une des voix poétiques les plus fortes, les plus authentiques d’aujourd’hui. Bien au delà des modes et des théories. Seulement, fidèlement donnée à son chant.

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – ISBN 978-2-908-82521-3 – 9,91 €