Onyx

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Avec une lettre-postface de Ernst Jünger 

Un poème de Helena Paz est un monde tout à la fois familier et nouveau. Les images y abondent, avec une luxuriance tune étrangeté qui ne cessent d’étonner. Lisons le premier poème de ce recueil, entièrement écrit en français : « II faut oublier, / Redevenir l’enfant aux prunelles vertes d’eau dormantes, / De bois immenses, de mousses oubliées, / Le bois est là, vert, profond / Pour nous engloutir à jamais. »

Helena Paz partage avec son père le grand poète Octavio Paz, prix Nobel de littérature, ce sens aigu d’une réalité magique, surréelle. C’est aussi cet aspect de l’écriture d’Helena Paz que met en relief Ernst Jünger dans la lettre, traduite par Eric Heitz, qu’il a écrite comme postface à ce livre.

« En cette fin de siècle, écrit Jünger dans cette lettre, le poète, comme l’avait prophétisé Hölderlin, vit dans un « temps de pénurie ». Aussi les poèmes représentent-ils un cadeau singulièrement précieux. C’est une matinée salutaire lorsque dans une lettre d’un ami ou d’un inconnu ils viennent me rasséréner. Il en est ainsi des vôtres, chère Helena, depuis de nombreuses années. Cela réchauffe l’atmosphère, comme si au milieu de l’hiver quelques braises de l’âtre étaient encore ardentes. A l’instant me parvient une sélection de vos poèmes. Vous les répandez telles les fleurs d’un bouquet dont vous auriez délié le flot. (…)

« Bien plus que le saphir, votre pierre précieuse est l’onyx. Vous le mentionnez distinctement. Cela me semble symbolique en ce que l’onyx convient particulièrement aux camées et aux chevalières. Au travers de sa face blanche, images et signes sont gravés sur le fond noir. Vous y songez également dans les vers que vous avez dédiés à Rimbaud : « Il faut lire ses poèmes / Pour que résonnent en nous les onyx… » »

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – ISBN 978-2-908-82523-7 – 8,38 €