Poème

214
En couverture, entrée d’un cimetière juif à Odessa

« Le présent volume réunit deux ensembles de textes. Les premiers, dans une forme versifiée, ont été écrits en 1989 et 1990 (parfois en plusieurs étapes) puis rassemblés, non dans l’ordre chronologique, mais selon un ordre correspondant aux préférences de l’auteur. Les textes de la deuxième partie en sont les commentaires et les notes. […]

« Chacun des commentaires a été écrit d’une seule lancée, dans un temps limité (une heure et demie, au plus) et sans possibilité de réécriture, sinon pour des détails secondaires. Enfin la dernière contrainte, toute intérieure, est une contrainte d’honnêteté. Elle a consisté à s’interdire les interprétations nouvelles et à limiter la tâche au dévoilement d’intentions explicitement présentes lors de la confection des vers ou, pour le moins, de celles de ces intentions qui avaient été conservées en mémoire. »

Poème est le premier essai littéraire de Luc Boltanski, né en 1940 et l’un des sociologues les plus brillants de sa génération (notamment De la justification, avec Laurent Thévenot, Gallimard, 1991).

Récit, fragments, souvenirs, poésie… ? Tout cela, et autre chose : une subtile « installation », à la manière de son frère Christian Boltanski, où le « poème » acquiert une lecture nouvelle, plus ouverte, plus profonde. Il explique lui-même, non sans un subtil humour, le type de lecture qu’induit cette installation textuelle :

« Quelques mots concernant la lecture. (…) S’il me semble préférable de lire les vers avant d’aller aux commentaires (ne serait-ce que pour préserver quelques moments leur existence, puisque le commentaire le détruit), il reste qu’il n’y a pas de mode d’emploi et que différents usages sont possibles : par exemple, laisser tomber les commentaires si l’on n’aime que les vers ; laisser tomber les vers pour l’interprétation si l’on préfère les anecdotes à la poésie ; lire un texte de la première partie, au hasard, en faire un commentaire et le comparer à celui de l’auteur, imaginer le commentaire du commentaire, etc. Quant au poème lui-même, il n’est ni dans les vers, ni dans leur commentaire. Il est : dans l’entre-deux. »

♦♦♦   Lire l’article de Patrick Kéchchian

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 1996 – ISBN 978-2-908-82530-5 – 12,2 €