Üs minere Kneckeszitt un anderi elsässischi G’schichtle
Traduit de l’alsacien par Noctuel
À l’égal d’un Hansi, l’œuvre de Gustave Stoskopf est l’un des plus beaux symboles de la culture alsacienne : fondateur du théâtre alsacien avec le célèbre D’r Herr Maire, il est surtout le peintre raffiné et puissant des petites gens du terroir que l’on a pu sans exagérer comparer à un Holbein moderne, d’un impressionnant hiératisme autant que d’un réalisme saisissant. Or il faut savoir qu’en bien des cas, les personnages dont il a fait le portrait en tant que peintre sont les mêmes qu’il évoque également dans ses pièces de théâtre et qu’il campe dans ses récits.
C’est cette œuvre monumentale et multiforme qui a été distinguée par le Prix Nathan Katz du patrimoine proclamé en novembre 2008. Rappelons les Lauréats précédemment proclamés : Sable de lune, de Jean Hans Arp (2004), Bois d’oignon, des frères Albert et Adolphe Mathis (2005), La Lumière de la terre, d’Alfred Kern (2006), La Nef des sages et Le Civet de lièvre de Jean Geiler de Kaysersberg (2007).
Gustave Stoskopf fut un peintre de premier plan, un dramaturge à l’incroyable succès et un animateur culturel inlassable, fondateur de la plupart des institutions qui ont permis que le patrimoine culturel alsacien soit aujourd’hui en France l’un des mieux préservés. Sa redécouverte est indispensable et la lecture de ses merveilleux récits en est certainement aujourd’hui la meilleure approche.
Les récits de Quand j’étais gosse sont l’équivalent des contes d’un Alphonse Daudet en Provence ou des nouvelles d’un Maupassant en Normandie. Un petit monde émouvant et attachant s’y déploie, marqué à jamais de la fragilité et de la mélancolie des choses qui passent. Tous les personnages de la vie villageoise y sont décrits avec un humour narquois et une délicatesse de touche qui leur font franchir le temps comme par miracle. Pourtant, étrangement, ces savoureux récits, écrits en dialecte alsacien, n’avaient jamais encore été traduits en français.
On donne ici à lire pour la première fois les traductions auxquelles Benjamin Subac-Noctuel travaille depuis plus de 40 ans que. Mieux que personne, il a su garder à ces récits un peu de la sève et du suc de l’œuvre originale : « Gustave Stoskopf et moi, note-t-il avec humour, nous sommes rencontrés pour la première fois en 1923. Cette année là, en effet, sortait des presses du Nouveau Journal de Strasbourg son livre Üs minere Kneckeszitt un anderi elsässischi G’schichtle tandis que, pour ma part, je sortais du ventre de ma mère. »
♦♦♦ Lire l’article de Jean-Claude Walter
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2009 – ISBN 978-2-845-90131-5 – 18 €