L’écrivain Paul de Roux résume excellemment le caractère singulier de la poésie de Maximine : « La langue natale de Maximine, écrit-il, c’est le vers régulier, compté, rimé…De nos jours, dans le filiation conjuguée de Louise Labé et d’Édith Piaf, se fait entendre une voix tout à tour passionnée ou plaintive, dont l’un des mérites est de se ficher éperdument des modes littéraires. »
Les poèmes de ce nouveau livre sont, à l’image de l’éclosion des pivoines au printemps, débordants de générosité et d’énergie. Et, à l’image de leur somptueuse et précoce flétrissure, marqués au cœur d’une profonde mélancolie.
Un cahier de pivoines : comme on dirait un « carnets d’esquisses », « un cahier d’études ». Et c’est bien cela : une centaine de croquis de pivoines, « prises sur le vif », de leur naissance à leur splendeur et à leur décadence, qui figurent tout le mystère de notre destin de créatures.
On songe aux études de Cézanne sur la montagne Sainte-Victoire ou à la série de dessins du japonais Hokusaï : « La vie va la poésie dure / Tout comme Hokusaï qui dit-on / Chaque jour dessinait un lion / Je sculpterai dans la verdure // Une pivoine chaque jour / Tendrement pour le seul plaisir / D’être là de n’en pas mourir / Et d’aimer dire mon amour. »
L’écriture de Maximine est d’une parfaite fluidité : volontiers elle emprunte au vocabulaire des poètes baroques, plus volontiers encore à la langue populaire : à mi-chemin, oui, entre Louise Labé et Édith Piaf. Aussi virtuose et élégante que la première, aussi puissante et émouvante que la seconde.
Citons quelques mots d’un entretien paru dans un journal en 1992 : « Nos vies nous sont données, et reprises. Des êtres qu’on aime s’en vont. C’est très simple. C’est atroce. C’est l’ombre noire et l’hiver glacé qu’on ne peut plus prendre “à la légère”. Mais la poésie nous aide à nous battre, à vivre je dirais « contre » la mort en un double sens : survivre en chantant quand même, garder au plus près de soi ceux qu’on a perdus. (…) Triomphe fragile, provisoire, toujours à refaire. Parler au présent avec le passé. On revient au pari sur la force des mots d’amour. J’y crois le temps de trois strophes, et je suis sauvée du désespoir. Le “message” est donc bien d’espoir, pas facile certes, mais assez fort pour qu’une joie passe : “Foi temporaire”. »
♦♦♦ Lire l’article de Jean Mambrino
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2002 – ISBN 978-2-845-90003-5 – 11 €