ANONYME DE L’AMOUR DE MADELEINE

ANONYME AMOUR

Le sermon anonyme sur L’Amour de Madeleine a été découvert par l’abbé Joseph Bonnet dans le manuscrit Q 1, 14 de la Bibliothèque Impériale de Saint-Pétersbourg.

Dans l’Avertissement qu’il donne à l’édition originale de ce texte – daté de Saint-Pétersbourg –, le 24 mars 1909,  l’abbé Bonnet évoque le problème de son attribution : « Si je n’ai inscrit aucun nom en tête de cette merveille, ce n’est pas qu’il ne m’en soit venu aucun à l’esprit. Quiconque aura beaucoup fréquenté Bossuet s’imaginera, peut-être avec raison, reconnaître ici soit la sublimité de ses pensées, soit la hardiesse de ses images, soit la sûreté de son progrès par les sentiers les plus glissants, soit enfin l’inépuisable succession, l’infinie variété et la surprenante promptitude de ses mouvements oratoires.

« Mais quel que soit l’auteur, nul sans doute ne lui fera un crime d’avoir choisi un tel sujet ou de l’avoir relevé de couleurs si vives. L’Esprit-Saint en a donné dans le Cantique des cantiques un exemple qu’il est permis au génie, réglé par la foi, d’imiter avec discrétion. »

L’abbé Bonnet penche donc pour une attribution à Bossuet, mais le choix du thème de Marie-Madeleine comme la langue et le style de ce sermon, plaideraient davantage, nous semble-t-il, pour une attribution à Pierre de Bérulle ou un proche du fondateur de l’Oratoire.

Bérulle a, on le sait en effet, particulièrement développé une tradition occidentale connue bien longtemps qui réunit en une seule personne trois femmes que distinguait nettement pourtant saint Luc : la femme qui répand le parfum sur les pieds du Christ (VII, 37-50) ; Marie de Magdala que le Christ a délivrée des démons, (VII, 2-3) et que l’on retrouve au sépulcre (XXIV, 10) ; enfin Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare (X, 39-42). La fusion des trois personnages sous l’unique nom de Madeleine offre au prédicateur une ouverture immense puisque cette unique héroïne aurait aimé le Christ vivant, mort et, bien plus, ressuscité.

Rilke ne s’est sans doute pas trompé lorsqu’il voit dans ce texte « un sermon d’une sublime grandeur qui, l’eussé-je connu à temps, m’eût peut-être épargné les Cahiers de Malte Laurids Brigge, tant il va dans la direction qui fut donnée au coeur de Malte, en allant jusqu’au bout et dépassant de loin le pauvre Brigge » (Rainer Maria Rilke, lettre à Hedda Sauer du 28 janvier 1912).

OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN

L’Amour de Madeleine