(1161 – 1219)
Originaire de Bagdad où il reçut sa première éducation religieuse et fit ses études médicales, le shaykh Majdoddîn Baghdadî se rendit au Khwarezm à une date mal définie (entre 1185 et 1195) afin d’y occuper la charge de médecin à la cour du sultan Khwarezm Shah.
Attiré par la voie soufie, il entra dans le cercle de Najmoddîn Kubrâ, qui, après avoir reconnu ses aptitudes, le traita comme son fils spirituel, son meilleur représentant (khalîfa). Pourtant les deux hommes étaient presque du même âge, bien que Baghdadî soit mort avant son maître, sans doute en 1219 (616 de l’hégire). Après sa conversion au soufisme, Baghdadî continua d’exercer sa charge de « physicien » à la cour du sultan.
Kubrâ reconnut aussitôt les compétences de ce shaykh, savant et médecin de surcroît, et il le désigna comme son principal représentant. Il lui délégua ses pouvoirs comme directeur des novices, de sorte que Baghdadî jouissait d’une grande autorité au sein de la confrérie. Il semble avoir partagé son existence entre Bagdad et le Khwarezm.
Baghdadî adopte dans ses écrits une typologie ternaire classique : le commun des fidèles, l’élite spirituelle et l’élite de l’élite, comme on le verra plus loin. Il exploite volontiers le symbolisme alchimique pour caractériser une vie spirituelle équilibrée, estimant que le « dhikr est l’élixir suprême » qui procure la « santé du cœur ». En cela, notre auteur prolonge les idées de Kubrâ qui définissait sa propre doctrine en ces termes : « Notre voie (ou méthode) est celle de l’alchimie, car il s’agit d’extraire l’entité subtile lumineuse du sein de ces montagnes… » – c’est-à-dire de la terre de l’homme élémentaire.
D’après quelques sources concordantes, Baghdadî aurait connu le célèbre poète et mystique persan Attâr, venu de Nishapour à Khwarezm durant sa jeunesse, de sorte qu’Attâr pourrait bien avoir rencontré Najm Kubrâ. Malheureusement, dans leurs livres, ces soufis ne parlent pas volontiers de leurs confrontations et échanges de vue, que l’on sache. C’est la tradition qui s’en charge.
Baghdadî forma plusieurs membres notoires du cercle de Kubrâ comme Najm Dâyeh Râzî, Alî Lâla, et surtout Sa’doddîn Hamu’î (m. 1255), un penseur shiite original lié à Ibn Arabî et surtout à son beau-fils Sadr Qonyawî (m. 1274). Il a connu et influencé plusieurs soufis et philosophes réputés, et il est presque autant cité que Kubrâ par les générations suivantes de l’ordre kubrawi.
OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN