La lecture de Gaspard Hons
Extraits d’un article sur La ville de souffrance paru dans le Mensuel littéraire et poétique, Bruxelles, en 1987
Première traduction de textes qui constituent l’un des sommets de « l’expressionnisme romantique », suivis de fragments du Journal du poète.
En juin 1910 Georg Heym écrivait dans son Journal : « Pourquoi n’assassine-t-on pas le Kaiser et le Tsar ? » Ces mots traduisaient les malaises du siècle et annonçaient le premier cataclysme. – Georg Heym vivait à Berlin !
Enfermé dans une camisole de force, bousculé par les « horreurs de !’existence », comment échapper à l’image des convois funèbres, à celle des fours, des prisonniers. A celle de la démence, des hurlements. À celle des nains rabougris. Comment échapper à la danse des morts, à cette société incurable ?
Le poète entre dans le désarroi, apprivoise le morbide et s’accomplit à l’ombre de l’illusion risible, des ricanements de l’obscure nuit. Sans la moindre concession, il entre dans cette parole que nul n’entend et disparaît dans le silence éternel, dans le trou des égouts.
Fini, notre temps. Achevé.
Déchus. Voyez-nous, morts que nous sommes.
Dans nos yeux blancs la nuit a déjà trouvé son gîte.
Jamais plus une aurore à portée de regard.
Heym meurt noyé (?) dans les eaux de la Havel. D’autres poètes expressionnistes continueront le spectacle, dont l’Alsacien Ernst Stadler.
La lecture de Heym nous permet de comprendre le mouvement expressionniste allemand, dont les peintres du groupe « Die Brücke » (et spécialement Grosz).
Les éditions Arfuyen publient des auteurs indispensables pour approcher ce que la littérature a d’essentiel et d’universel.