Sur « Ainsi parlait Victor Hugo »

La lecture de Nelly Carnet

Extraits d’un article sur Ainsi parlait Victor Hugo paru dans la revue Temporel, avril 2019

L’œuvre prolifique de Victor Hugo peut rebuter plus d’un lecteur. L’éditeur Arfuyen propose alors un choix divers afin que le lecteur puisse ensuite procéder à des priorités. […]

Hugo : un passionné ! C’est peu dire. Au travers les trois cent quarante citations, l’on croise à la fois l’être bon comme celui qui s’insurge, crie, vitupère : « Le mensonge, la haine, la diatribe, l’envie, la sottise, l’injure, la calomnie éclaboussent, Attendez demain. Cela se brosse. » Engagé, Hugo l’est sous toutes ses formes bien qu’il ne fut en politique qu’homme de passage confronté à l’hypocrisie et au mensonge.

Pour écrire autant que cet écrivain, sans doute fallait-il être « un homme qui pense à autre chose ». Il est celui qui détient les forces nécessaires afin de faire face à toutes les difficultés de l’existence et se charger de donner des forces à celui qui faiblit. « (…) le poète sur la terre / Console, exilé volontaire, / Les tristes humains dans leurs fers ; / Parmi les peuples en délire, / Il s’élance, armé de sa lyre, / Comme Orphée au sein des enfers ! » Hugo est « une force qui va », capable de soutenir quiconque s’égare.

En France, la poésie n’a jamais vraiment connu bonne fortune. Hugo dit déjà au dix-neuvième siècle que « le vent n’est pas à la poésie ». Pour autant, « ce n’est pas un motif pour que la poésie ne prenne pas son vol. » Exister contre, la poésie française n’a guère connu que cette position. Pour que la poésie s’écrive, le conseil est « enivrez-vous de tout ! » et « mêlez toute votre vie à la création ! »

Hugo aime le tranchant et l’excès intelligent, l’excès raisonné. « La poésie, pas plus que l’amour, ne connaît le trop. » Nous pouvons retenir quelques autres frappes : « Un grand artiste, c’est un grand homme dans un grand enfant », « L’admiration est la forme que l’amour prend dans l’esprit », « Les méchants envient et haïssent, c’est leur manière d’admirer. »

Hugo est ancré dans la vie sans cesse en mouvements. Il se sait être travaillé par les ombres. C’est ce côté obscur qui le fait écrire la vie dont on entend l’énergie voire le cri plus particulièrement dans certains de ses textes poétiques parce que « la vie / Dissout le mal, le deuil, l’hiver, la nuit, l’envie / Et que le mort caché dit au vivant debout / Aime ! et qu’une âme obscure, épanouie en tout, / Avance doucement sa bouche vers nos lèvres. » « Vous qui souffrez parce que vous aimez, aimez plus encore. Mourir d’amour, c’est en vivre. » L’amour est lumière pour celui qui dit de lui : « Un de mes yeux est foi ; mais l’autre est désespoir. » […]