Sur « Depuis toujours le chant »

ROUX régis

La lecture de  Régis Roux

Extraits d’un article sur Depuis toujours le chant paru sur le site Recours au poème le 1er septembre 2019

« Sans plus aucun poids de terre / Ni de chair qui me retienne / J’entre dans la gravité / De la mort que tu m’apprêtes » (p. 63). De quelle surface enfin vécue au-delà de soi s’agit-il ? Mais que la voix soit aussi très profonde et que rien ne mente : voilà ce que le chant souffle tout au long du recueil d’ailleurs composé sur des sections rythmiques équilibrées. […]

Dès le liminaire « Depuis toujours ton silence… » (en italiques, et, disons-le, conçu comme un murmure, une prière), il est question d’une parole, d’un poème et, sans jamais dévoiler quelque rive d’or, du vent de l’Esprit qui, pour le veilleur, entraîne le cours du monde vers un intérieur d’amour.

Ce dernier mot, s’il est répété régulièrement dans le recueil, ne s’accompagne pas forcément d’une promesse. L’écriture va devoir gagner son propre secret, son espace articulé au fond de l’être avec des images, des sons, des codes bien mystérieux, difficiles à déchiffrer de par leurs échos avant de suggérer que la silhouette de l’homme, même accompagnée de plus en plus par la « lumière », s’adresse à Dieu. « Ô Seigneur dépouille-moi / Du vieil homme qui s’entête / À manger en solitude / Le pain noir de l’amertume » (p. 102). […]

Depuis toujours le chant qu’aime-t-il si ce n’est le silence, l’énigmatique légèreté promise aux mots, au frisson encore plus fort qu’eux ? L’amour ? Le temps avec le présent montre un langage vivant, mais le futur, qu’offre-t-il déjà au veilleur ? On va du « je » au « tu » dans la foi. La répétition temporelle dans le liminaire ne revient pas quand se referme la dernière partie, « Mais jamais sur la colline / L’aube n’a été si belle. »

Le corps et la poésie auront pris le ciel comme les racines à témoin, et cette fête à la fois intime et universelle sera bien restée louange.

Ce recueil n’en finit pas de s’ouvrir sur le « feu secret » qui se consume, proche d’un cœur aux branches qui n’ont pas peur « du jour qui tombe ».