Dis-moi quelque chose

Un livre en quatre saisons, qui commence à l’automne et finit à l’été. Dis-moi quelque chose : un titre tout simple, presque celui d’une chanson. Et d’emblée une interrogation : cette demande, à qui s’adresse-t-elle ? Au lecteur, ou à quel interlocuteur ? Et quel est ce quelque chose qui serait à dire ? Peut-être n’y a-t-il rien à dire, seulement à rompre le silence pour témoigner qu’on est là, qu’on est vivant ?

« Dis-moi quelque chose / Qui comblerait le manque // Ferait de nos yeux vides / Une forêt de cœurs orageux / Une pluie étoilée // Un poème entrouvert » C’est ainsi que commence ce livre composé exclusivement de sizains. Et c’est donc cela : ce qui est à dire n’est là que pour combler le manque.

Est-ce au lecteur de faire surgir dans les yeux vides du poète un poème entrouvert ? Ces poèmes, précise l’auteur, dans une note finale, ne sont rien d’autre qu’une prière adressée à l’inconnu, au lecteur éventuel et probablement à moi-même. D’un poème à l’autre, l’interlocuteur est toujours incertain, comme toujours la réponse qui s’esquisse.

« Dis-moi quelque chose / Même si cela ne sert peut-être à rien // Parce qu’il y a ici trop de ciel / À regarder trop d’oiseaux / À entendre // Trop de tout en fin de compte. » Pire que le manque, il y a l’excès, que rien ne peut combler. Pire que le silence, le flot des signes, du bruit, que rien ne peut arrêter. Mais l’espoir reste toujours que ce quelque chose, le poème entrouvert, peut-être ne serve pas à rien.

♦♦♦ Lire l’article de Christine Durif-Bruckert

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2021 – 156 p. – 14 euros – ISBN 2-978-845-90310-4