Je t’écris de Bordeaux…

Blessures et refleurissements (Ferite e rifioriture)

Préface inédite de Giuseppe Conte. Traduit de l’italien et présenté par Christian Travaux

Poète, romancier, essayiste, dramaturge, Giuseppe Conte (né en 1945) est l’une des voix majeures de la littérature italienne d’aujourd’hui. Il en a reçu les plus hautes distinctions (prix Montale, Viareggio et Stresa) pour la poésie comme le roman. D’abord attiré par les avant-gardes formalistes, il s’est consacré par la suite à changer notre perception de la nature en essayant de lui donner un langage à travers les mythes et les images.

Le recueil ici traduit a largement été écrit à Bordeaux et en Aquitaine qui sont directement évoqués par plusieurs poèmes. Il a obtenu le prestigieux prix Viareggio et est certainement l’un des plus puissants et personnels de son auteur. Giuseppe Conte a accepté de donner spécialement pour cette édition française bilingue une préface originale. Christian Travaux a traduit l’ensemble de l’œuvre de Conte dont il est l’un des meilleurs spécialistes.

L’œuvre de Conte a été découverte en France grâce à deux traducteurs : Jean-Baptiste Para a traduit L‘Océan et l’Enfant (1989) et deux autres recueils de poésie en 1994 et 2002 ; Monique Baccelli a traduit deux romans en 2007 et 2008. Puis plus rien. C’est ainsi que l’un de ses plus grands recueils, Ferite e rifioriture, prix Viareggio 2006, n’a jamais été traduit ici.

Livre pourtant largement écrit en France (Bordeaux, Nice…) et marqué par la littérature française : le texte central est un long monologue imaginaire de Baudelaire à l’île Maurice en 1841 ! Mais surtout puissant livre symphonique, chant d’amour à la vie menacée : menacée sur la planète par la folie destructrice de l’homme comme, chez le poète, par la venue de l’âge. « Il n’est pas possible, déclarait Conte dans une interview, de dire “Il faut sauver la nature” si l’on ne change pas la perception même de la nature. La nature n’a pas de langage propre mais je pense qu’elle trouve un langage à travers nous. »

C’est ce langage de la matière et du corps qui est au cœur du livre. Langage d’humilité et de ten-dresse, lucide et démuni : « Oh vie, je t’en prie / aie avec moi la main / légère. / Ne t’acharne pas contre qui t’a aimée / tant et sans raison, / comme doit aimer toujours celui qui aime. »

   Coll. Neige  –  2022  –  240 p.  –  18,5 euros  –  ISBN 978-2-845-900326-5